Georges Van Linthout a du mal à dessiner les femmes !

Qu’est ce qui vous a poussé à faire de la BD ?

Je n’ai jamais envisagé de ne pas faire de la BD. J’habitais et j’habite toujours le même village que Mittéi et Walthéry, ça aide à y croire ! Ensuite, de manière plus pragmatique, mon père m’a dit un jour que quand je serais grand, je devrais aussi mettre un costume pour aller travailler. Ça a été une espèce de vision d’horreur pour moi. Je me suis dit que si je faisais de la BD, au moins j’éviterais ça ! Comme quoi, les vocations… Sinon, j’ai toujours voulu dessiner, aussi loin que je me souvienne, c’est la seule chose à laquelle je me sois véritablement accroché. J’ai appris à lire avec la BD, je dessinais mes BD quand j’étais gamin. Je crois que j’ai eu le parcours classique de la plupart des dessinateurs de BD. Pour moi, les stars de la BD c’était comme les stars de Hollywood. J’avais des posters BD aux murs de ma chambre, des posters du journal tintin, plutôt que des posters de foot ou de musique.

Quelles rencontres, quels mentors vous ont le plus marqué ?

Plusieurs rencontres, mais toutes ne m’ont pas influencé de la même façon. Le fait de connaître François Walthéry depuis toujours a évidemment influencé mon envie de faire de la BD. Je n’ai jamais rencontré Jijé qu’à travers ses BD, mais quand j’étais enfant, j’ai découvert Valhardi, le premier album, avec le chameau en couverture, ça m’a marqué à vie , je rêvais en le lisant. Sinon, j’ai rencontré une fois Tillieux qui m’a encouragé énergiquement à continuer à dessiner. Dans mon travail je crois que chaque rencontre ou chaque discussion avec des auteurs m’apporte et m’intéresse. Je n’ai pas un mentor, en tout cas, pas un mentor unique. Je citerai Milton Caniff que j’ai beaucoup regardé. Will Eisner reste un maître absolu pour moi. Cosey représente pour moi la bonne synthèse entre la BD classique et la BD adulte style « roman » . Mes influences viennent aussi beaucoup de la lecture de romans essentiellement américains.

Où étiez-vous lundi dernier à 21h15 ?

Chez moi, affalé dans le divan devant la télé après une grosse journée de boulot ! Probablement un doigt dans le nez !

Votre BD préférée ?

Impossible à dire. Il y en a tellement. En fait, je lis moins de BD qu’auparavant et il s’agit de coups de cœur ou de curiosité. Je relis toujours avec délice mes vieux Gil Jourdan.

Pour vous, quelle est la plus jolie fille de la BD ?

Les filles de Manara. Je trouve en général que les filles de la BD sont très stéréotypées. Il est très difficile de sortir des classiques petits nez, grosses bouches et fortes poitrines. Je crois que Adèle Blanc sec était à peu près la seule à en sortir sans être moche. Moi, j’ai un peu de mal à dessiner des femmes. Je tombe justement dans les stéréotypes.

Quel est le plus méchant des méchants de la BD ?

Certains éditeurs !!!
Non, je pense plutôt à Lady X , parce que c’est une femme et que, comme le disait Milton Caniff, tout ce qui arrive en BD est toujours plus fort si c’est à une femme que ça arrive ou si c’est une femme qui le provoque. J’aime bien les méchants en général, ils sont souvent plus intéressants que les bons. Je parle pour la BD. Sinon, j’adore Averell Dalton.

Quel est votre prochain projet qui sera sous les sunlights… de bedeo of course ?

C’est un album roman que je réalise actuellement avec Rodolphe : « Mojo ». qui fera 180 pages en noir et blanc, lavis et crayon dans la même ligne que Braquages et bras cassés. Ça parle du blues, c’est un récit picaresque où on s’amuse beaucoup.

Interview strip

comics ou manga ?

Comics . Mais j’ai lu pas mal de manga parce que ça m’intéresse. J’aime bien décortiquer les choses, et les scénarios de certains mangas m’intéressaient pour leur construction. Du côté du dessin, je suis plus attiré par les comics.

spip ou milou ?

Milou, je trouve qu’il a plus de scènes « humaines » que Spip. Il est plus important que Spip dans les histoires.

mail ou téléphone ?

ça dépend pour quoi. En cas de problème, je préfère régler les choses de vive voix, et même plutôt en face à face. Mais le téléphone n’est pas quelque chose que j’aime particulièrement. Il est très intrusif.
Le mail est plus concis. On ne sait jamais quand on va sortir d’une conversation téléphonique. Le côté casse pied est que si vous ne répondez pas tout de suite à un mail, c’est la panique.

jean ou costard ?

Jean. Voir la question 1 ! Quand un modèle me convient, j’achète un stock de jeans pour environ deux à trois ans. Ça m’évite de traîner dans les magasins, je déteste ça. C’est comme pour les chaussures, j’achète chaque année deux ou trois paires de chaussures en daim de différentes couleurs. Je fini par en avoir un stock suffisant pour ne pas me tracasser. Comble du raffinement, je ne les achète qu’à Barcelone ! C’est toujours le même modèle depuis 1970.

crayon ou palette ?

Crayon. J’utilise aussi la palette, mais le crayon reste de loin mon outil préféré. D’ailleurs, j’ai vraiment travaillé au crayon et au lavis quand j’ai commencé à utiliser la tablette graphique. J’avais envie de revenir au papier et à l’aquarelle. Le contact direct avec le papier reste inégalable.

Si vous étiez

Un festival

C’est triste de n’en citer qu’un. Alors, va pour Saint-Malo, j’adore la ville, le festival et les expos. Sinon, je retourne à Bourges régulièrement, c’est un festival très amical.

Un objet

Probablement un couteau, j’en ai toujours un en poche, un canif suisse parce que je déteste rester en rade sur un lézard, je veux toujours résoudre tous les problèmes du monde… Comme un canif suisse !

Un libraire

Ohlala ! Difficile ! Je m’entends bien avec Reynold Leclercq de la librairie Brüsel. Il fait un vrai boulot de libraire. Il est depuis peu également éditeur chez casterman. Sinon, les liégeois : BDscope, Leslie et rebecca, et le livre au trésor avec philippe marczewski .
La responsable FNAC BD de Liège avec qui je m’entends bien et qui est très sympa.

Un auteur mort

Tillieux.

Un héros de bd

Blueberry pour les sérieux. Gaston lagaffe pour les comiques. Gaston est une des rares BD gag qui me fait vraiment rire avec parker et badger et Calvin et Hobbes.

Le mot de la fin pour les bédéonautes ?

J’espère qu’elle n’est pas trop proche… La fin !

Photo :© Patricia Mathieu