Game Change - la critique du film

Chronique de l’élection présidentielle américaine de 2008 côté Républicain, Game Change repose avant tout sur la performance de Julianne Moore en Sarah Palin, presque aussi amusante que l’originale.

L’argument : En 2008, pendant la course à la présidentielle américaine, le candidat républicain John McCain est choisi pour représenter son camp mais se maintient difficilement derrière Barack Obama. Cherchant à rallier une partie de l’électorat féminin et conservateur, son conseiller stratégique, Steve Schmidt, lui soumet la candidature de Sarah Palin en tant que co-listière.

Notre avis : Si on le connaît avant tout pour la série des Austin Powers et une poignée d’autres comédies généralement insignifiantes, le réalisateur et producteur Jay Roach s’est penché à trois reprises sur le sujet pour le moins épineux du processus électoral américain. Au-delà du ratage Moi, député, il a signé pour la vénérable chaîne HBO deux chroniques politiques basées sur des faits réels. Si Recount avait pour sujet le fiasco qui avait paralysé Al Gore en Floride en 2000, Game Change se propose de nous plonger au cœur du parti Républicain lors de l’élection de 2008. S’inspirant du livre éponyme de Mark Halperin qui chroniquait en détail l’ascension de Barack Obama à grand renfort de témoignages, Jay Roach décide de recentrer son récit sur le pari risqué des républicains : Sarah Palin.

© HBO Films

Interprétée par une Julianne Moore absolument bluffante et méconnaissable, cette Sarah Palin est quasiment identique à celle qui occupa nos écrans il y a quelques années. Un beau portrait nuancé d’un personnage médiatique complexe. Si cette performance reste à souligner, son impact est néanmoins diminué dès l’apparition du pourtant vénérable Ed Harris, qui campe un John McCain un peu trop caricatural pour être crédible.

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La splendide photographie de Jim Denault pose une tension pesante sur chaque scène et l’incrustation des acteurs dans diverses séquences d’archives est bien sentie et jamais abusée. Les quelques pincées d’humour (une séquence Pretty Woman, quelques piques sur l’inculture de Palin, etc) nous rappellent de temps en temps que nous avons bien à faire à Jay Roach. Ce dernier cherche néanmoins clairement à se distancer de ses œuvres comiques et ce faisant, il sacrifie son propre point de vue sur l’autel de l’objectivité.

© HBO Films

Car c’est bien là le péché absolu de ce film : celui de n’avoir ni verve ni personnalité. Jay Roach entend condamner le théâtre médiatique d’une élection surréaliste et sans fond idéologique mais le flot des images fut tel en 2008 que rien de ce que nous montre le réalisateur n’interpelle aujourd’hui. Pas de mise en abîme, pas d’introspection, pas de satire, juste un sentiment de déjà-vu. Si la volonté de ne pas prendre parti est louable, le renvoi de ces images sans discours n’élève guère le sujet. Difficile dans ce cas de ne pas s’imaginer ce qu’un David Fincher ou, soyons fous, un Paul Verhoeven auraient pu faire avec un tel matériau. Parfaitement bien exécuté mais sans une once d’originalité, Game Change repose donc entièrement sur le talent de Julianne Moore. Et elle n’en manque pas.

© HBO Films