Sang pour sang barbaque
Le 18 février 2018
Un film d’horreur français, bourrin et tripal où le scénario ultra-classique sert de prétexte pour travailler la forme. Surenchère gore et effets chocs garantis.


- Réalisateur : Xavier Gens
- Acteurs : Samuel Le Bihan, Maud Forget, Aurélien Wiik, Karina Testa, Patrick Ligardes, Estelle Lefébure
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Français
- Distributeur : Europa Corp
- Durée : 1h48mn
- Box-office : 100.517 entrées France - 26.675 entrées P.P.
- Date de sortie : 23 janvier 2008
- Festival : Gérardmer 2008

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L’argument : Alors que l’extrême droite arrive au second tour de l’élection présidentielle, un groupe de jeunes braqueurs débarque dans une auberge en pleine forêt. Celle-ci est située dans une ancienne friche minière et ses tenanciers sont particulièrement sordides...
Notre avis : D’un bout à l’autre, Frontière(s) est construit comme une bombe à retardement. Et la bombe, c’est Xavier Gens, jeune cinéaste extrêmement médiatisé depuis l’affaire Hitman, qui affiche avec ce premier long métrage une volonté presque agressive de faire du cinéma coûte que coûte. Pour cela, il s’en donne les moyens en usant de sa malice et de son imagination pour s’accommoder d’un budget limité tout en laissant présager le meilleur pour la suite. Comme si finalement le grand bain de folie baroque et le désir de subversion étaient prévus pour les prochains projets. C’est aussi en cela qu’il est très malin. Cet aspect roublard peut irriter au même titre que les dix premières minutes tapageuses et imprécatrices. Heureusement, les soupçons sont vite évacués : on trouve dans Frontière(s) tous les éléments que l’on affectionne généralement dans ce genre de productions. En jouant à fond la carte de la surenchère horrifique, Gens offre tout ce que l’on était en droit d’attendre d’un tel exercice avec une vraie générosité. Tout sauf la nouveauté.
Certains pourront regretter qu’avec une telle liberté de ton - des séquences bien hardcore - et d’aussi bons acteurs - Karina Testa, hallucinante révélation - Gens n’ait pas eu envie d’expérimenter le terrain de manière plus personnelle afin de créer un film d’horreur français révolutionnaire. Si on devait chercher sa faiblesse, ce serait de privilégier la forme - très efficace - au fond - très classique. Un parti pris qui explique sans doute pourquoi il abandonne quelques pistes intéressantes en cours de route comme l’utilisation de la caméra vidéo que l’on sait efficace pour exprimer une peur subjective (revoir Cannibal holocaust, Blair witch, The descent ou attendre Rec. de Balaguero). En revanche, la dimension politique un peu immature - le récit se déroule entre les deux tours d’une élection présidentielle menacée par l’extrême droite - passe au second plan. En grande partie grâce au Grand-Guignol totalement assumé (le patriarche nazi cannibale est mémorable). Il faut se réjouir de cette capacité peu commune à emmener le spectateur sur un sentier mille fois battu tout en procurant des sensations purement viscérales. C’est toute la valeur de ce film d’horreur très efficace, très sanglant et très recommandable.