From hell - la critique

L’argument : Londres en 1888. Dans les rues sombres du quartier mal famé de Whitechapel, un psychopathe, surnommé Jack l’Eventreur, rôde. C’est avec une étonnante précision que ce terrifiant et mystérieux personnage éventre les prostituées dès la tombée de la nuit. Les raisons qui poussent le tueur à commettre ces odieux crimes restent totalement obscures. La population londonienne, aussi terrorisée que scandalisée, réclame que justice soit rendue. Fred Abberline, un agent de Scotland Yard, mène une enquête approfondie sur ces meurtres. Il constate bientôt que l’assassin procède toujours de manière très élaborée, en respectant une mise en scène précise...

Notre avis : Une version infidèle à 33 % à la série d’Alan Moore, où, comme pour la bande dessinée éponyme, le propos n’est pas une partie de cluedo filmée... parce que somme toute, savoir qui est Jack n’est pas le point d’orgue du film, mais plutôt un prétexte à "ambiançage", une installation en douceur d’un cadre particulier, une livraison différente d’un mythe tenace et toujours intrigant un siècle plus tard.
Même si, comme l’avoue Rafael Yglesias<, le scénariste responsable de l’adaptation à l’écran, les studios ont un peu insisté pour ajouter du mystère autour de l’Eventreur, élément absent de l’œuvre originale où le monstre lui-même est le narrateur. Mais Yglesias s’en tire à merveille, fondant notamment deux personnages du creuset original pour offrir à Johnny Depp< une composition particulièrement brillante d’inspecteur veuf inconsolable, opiomane à la ténacité vigoureuse...
Un mélange entre fiction et documentaire enrobé d’un coulis esthétique plutôt épais (Alan Moore lui-même a pris quelques libertés avec la vérité originelle dans son roman graphique). Londres glauque, violente, vue d’un œil sans compassion, une horreur évidemment esthétisée, ce qui dérangera peut-être certains spectateurs, une interprétation générale sans tache, les ingrédients nécessaires et présents pour un bon moment de distraction... Ce qui ne l’oublions pas est "aussi" l’une des fonctions du cinéma !

Au final, un film pas trop prétentieux qui évite les high-kicks et les bullet-times pour notre plus grand plaisir. Artistiquement à la hauteur, les frères Hugues livrent ici leur premier "gros film" (après un premier Menace II society remarqué à Cannes en 1993)... Deux frères à suivre donc !