Frankenstein Underground - La chronique BD

Résumé :

Abandonné, pourchassé, maudit, le monstre de Frankenstein erre depuis des siècles, fuyant les hommes, leurs fourches et leurs laboratoires. Des tréfonds du Mexique en passant par les sombres châteaux de l’Europe, les aventures d’un nouveau genre de monstre empoignant mais toujours aussi poignant dans son odyssée moderne.

© Delcourt

Notre avis :

Le monstre de Frankenstein avait été entrevu dans le tome 15 de la série Hellboy, dans un combat de boxe entre deux créatures diaboliques. Si le diable rouge connaît désormais une renommée mondiale, le monstre de Frankenstein demeure connu mais sous-exploité. Mike Mignola, aidé de Ben Stenbeck, a donc décidé de lui dédier un one-shot dans son univers, mixant les références, introduisant personnages, créatures et pouvoirs dans une aventure audacieuse et tourmentée.

© Delcourt

Car au niveau du scénario, ce Frankenstein Underground mérite bien son nom : de part son scénario, il est digne d’une cave berlinoise : dispersée au possible, gothique à souhait, mélange cosmopolite et d’une fraîcheur douteuse. Les errances du monstre l’ont mené un peu partout, où il a surtout cogné sur beaucoup de monde, sans vraiment gagner, sans mourir non plus. C’est un héros increvable, qui a des pensées profondes mais des actes fragiles. Sans haine ni colère, il parcourt un monde qui au mieux le fuit, au pire veut sa peau. La plupart des gens qu’ils croisent dans ce tome sont cependant des monstres d’une espèce pire : sorciers, cabalistes, démons, morts-vivants, goules...

Chaque chapitre semble enfoncer le protagoniste, toujours plus bas dans les entrailles de la Terre, toujours plus bas dans l’horreur humaine et démoniaque. Esprits et dinosaures se côtoient sous la surface, comme si le monstre, Dante moderne, entamait sa route dans les sept cercles de l’Enfer pour trouver non pas sa rédemption, mais simplement la sortie. Ce sont les personnages secondaires qui ont des vies, des histoires, des enjeux, mais pas le héros. C’est là la faiblesse de ce récit, qui se contente de donner des embûches sur une route déjà pentue. Très vite, la condition de monstre est oubliée, et on plaint ce personnage qui ne cesse d’être battu, capturé, traîné...

© Delcourt

Pour autant, côté graphique, Frankenstein Underground est une belle œuvre. Puissant, technique, stylisé comme d’habitude pour la galaxie Mignola, les planches entières sont des œuvres d’art, les contrastes toujours précis, les coloriés toujours tranchants. Si le scénario n’est pas à la hauteur du projet, on regrette d’arriver aux dernières pages tant l’ambiance tient quand même sur le dessin, toujours efficace. On peut donc dire que ce projet d’un nouveau Frankenstein est finalement plutôt réussi. Assez éloigné de Hellboy pour ne pas souffrir de la comparaison, bien rattaché par des références discrètes, il reste en vérité un bel hommage à l’œuvre de Mary Shelley, donnant un coup de jeune au Prométhée moderne.