Le 5 janvier 2020
A coups de communication bien pensée, l’exposition Francis Bacon attire les foules au Centre Pompidou. C’est d’autant plus étonnant que l’œuvre de cet artiste ne se distingue ni par son accessibilité, ni même par son aspect plaisant. Une telle curiosité questionne.
Plongée au cœur de la pensée d’un artiste tourmenté.
- Durée : jusqu'au 20 janvier 2019
- Salle d'exposition / Musée : Centre Pompidou
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Notre avis : Francis Bacon peint le cœur, l’âme, les tripes. Sa peinture ne cherche ni à plaire, ni même à atteindre le beau, sa peinture est sa vérité.
Francis Bacon peint l’angoisse, aussi. Celle de la maladie, du sexe, de l’amour, de la mort. Il est fascinant d’observer les sourires s’affaiblir dans l’auditoire, lorsqu’apparaissent ces premiers triptyques, pour laisser place à une sorte de stupeur froide. Seuls résonnent les sons des appareils photo, et les rires des jeunes enfants, preuve que la peinture de Bacon ne révèle sa noirceur qu’au-devant d’un vécu.
Crédit Photo : Centre Georges Pompidou
La femme est absente, ou bien monstrueuse. L’homme est musculeux, mastodontesque, souvent nu, souvent ridicule même.
Il est fréquent que l’on culpabilise devant ces toiles, à croire qu’on aurait lu un journal intime trouvé par hasard.
L’exposition est muette de textes. Cette simplicité laisse place à chaque interprétation, au choc, aux conclusions hâtives. Que dire devant les boyaux, le sang, ou bien même ces flèches qui ne semblent se diriger nulle part ?...
Crédit Photo : Centre Georges Pompidou
Pourtant, la technique de Bacon est absolument sublime. Une telle maîtrise dans la colorimétrie et la perspective, dans la texture, la matière, est impressionnante. Mais l’eau, le sable, les rocailles, ne sont jamais que fantasme et augure de l’abstraction naissante. Lorsqu’un peintre réussit à créer sa propre beauté, il atteint la singularité.
Là où le choix du percement d’alcôves de part et d’autre des œuvres, d’où émanent divers extraits littéraires dont Bacon a pu s’inspirer pour ces travaux, est brillant, nous aurions tout de même apprécié la présence de quelques cartels un peu plus bavards, permettant au spectateur de se rapprocher de ces compositions si énigmatiques.
Mais il est clair que le caractère presque métaphysique de cette exposition, renvoyant à nombre de questionnements essentiels, et qui fait sa réussite, en aurait été amoindri.
Bref, une claque.
Crédit Photo : Centre Georges Pompidou
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