Le 21 septembre 2015
Une belle lettre d’amour, généreuse et poignante.


- Réalisateur : Jean-Albert Lièvre
- Genre : Drame, Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 24 septembre 2014

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– Sortie DVD : le 25 août 2015
Une belle lettre d’amour, généreuse et poignante.
L’argument : Une ode à la vie. Contre les recommandations de tous, un fils sort sa mère atteinte d’Alzheimer de sa maison médicalisée pour la ramener chez elle. Au contact de la nature, elle revient à la vie…
Notre avis : D’abord il y a l’émotion : voir cette femme diminuée, enfermée, devenir agressive, sur-médicamentée, promise à une mort proche, est un déchirement qui ne peut que toucher chacun. Son comportement absurde et violent semble presque normal pour le corps médical. Les images sont impitoyables (ces scènes filmées au portable dans lesquels elle répète des gestes incohérents), les listes de médicaments éprouvantes.
Et la seconde partie du film bascule dans un lumineux message d’espoir. Quand le fils décide de l’emmener en Corse, qu’il organise sa vie autour de sa mère, entourée de gens dévoués, on imagine qu’il s’agit de l’accompagner vers la mort. Et puis tout change : elle se remet à manger, cesse toute violence, et marche. Évidemment il ne s’agit pas de guérison : l’issue est la même. Mais le temps de vie, prolongé, est aussi infiniment plus doux : promenades, blagues, micro-événements scandent une existence tournée vers le présent et la jouissance de l’instant.
Le réalisateur ne cache rien des difficultés, des moments de déprime ou d’agacement, des problèmes de langage, mais il se concentre sur les moments doux, qu’une caméra discrète suit en séquences contemplatives, accompagnant chaque victoire : le GR 20, le bain de mer, la peinture. Certes, on regrette l’omniprésence pesante de la musique, ou quelques effets carte-postale, quelques coquetteries (split-screen , accéléré …), mais ce ne sont que détails face à cette célébration de la vie dans ce qu’elle a de plus pur, de plus immédiat.
© JAL
En creux, le film se révèle aussi une charge épouvantable contre le corps médical qui ne sait qu’administrer des drogues, contre les institutions qui emprisonnent et déshumanisent, contre les médicaments abrutissants, face aux sociétés dont parle le réalisateur qui n’abandonnent pas leurs parents. Et l’on se dit que, pour tous les gens qui n’ont pas les moyens ni le temps de s’occuper de leurs parents à ce point, car enfin il s’agit d’une situation exceptionnelle, Flore est l’histoire d’un miracle inaccessible et peut-être culpabilisant. Mais ce sont surtout les pouvoirs publics, les responsables, qui devraient en tirer des leçons. En ce sens, le témoignage de Jean-Albert Lièvre n’est pas qu’émouvant et personnel, il devient matière à réflexion, et peut-être à réflexion politique.
Les suppléments :
Les entretiens avec les intervenants du film (9 mn) sont éclairants, parfois redondants. Le clip Flore Song (3mn30) sur des images de Flore et de ses tableaux, n’est pas vraiment indispensable, mais il se conclut par l’annonce de son décès, qui n’est pas dû à la maladie d’ Alzheimer.
L’image :
Évidemment variable selon les sources, mais globalement de qualité. Les plans les plus récents, comme les vues de Corse, sont magnifiques de couleurs et de précision.
Le son :
Les pistes 5.1 et 2.0 sont limpides, la voix off et la musique étant privilégiées.