Notre avis : Le sujet de la Shoah et de toutes ses conséquences a été beaucoup traité. Dans Fleurs de soleil, le devoir de mémoire fait son travail, mais la dimension du récit va bien au-delà. Il met au débat des questions intemporelles et passionnelles qui dépassent le cadre de l’histoire.
Peut on pardonner à un tortionnaire ? Peut-on faire acte de pitié devant l’innommable ? Est-on humain parce qu’on pardonne ? Pardonner permet-il de briser le cycle de la haine ? A quelles conditions ? En soixante-dix minutes, les différents angles sont abordés à travers tous les protagonistes. A l’issue de la représentation, le débat se poursuit, chacun émettant son avis, ses réserves, ses convictions, ses doutes.
Bref, il s’agit d’un sujet particulièrement riche et infini. En revanche, la mise en scène de Steve Suissa et le jeu d’acteur sont très sobres. C’est apparemment assumé. Thierry Lhermitte considère sa prestation "comme une mission plutôt que comme une représentation", mais son interprétation manque un peu de conviction. Les mouvements sont toujours lents, pas suffisamment marqués, comme s’ils étaient anesthésiés. Les relations de Simon Wiesenthal, chasseur de nazis, avec les autres individus et les lieux qui les entourent sont simplement évoquées, esquissées. Le jeu est très intérieur.
Le décor se compose d’une chaise. Les lumières viennent couvrir l’ensemble pour créer des ambiances. Tout repose sur le texte : le récit de souvenirs et leur mise en perspective.
Les ruptures et intermèdes se font efficacement par des vidéos, des réflexions, des citations d’écrivains, de philosophes, de journalistes. Un soupçon d’humour juif vient également agrémenter l’atmosphère d’une très grande noirceur.