Ma mère, moi et ma mère
Le 9 août 2006
Le Québec collet monté en prend pour son grade dans ce film mordant et incisif.
- Réalisateur : Louise Archambault
- Acteurs : Sylvie Moreau, Macha Grenon, Juliette Gosselin
- Genre : Drame
- Nationalité : Canadien
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Le Québec collet monté en prend pour son grade dans ce film mordant et incisif.
L’argument : Michèle (Sylvie Moreau), c’est une vraie pile électrique, une femme pétillante dont les pleurs s’étouffent dans un éclat de rire. Elle a un talon d’Achille, le jeu. L’âme chevillée aux machines à sous, elle vide son compte en banque et épuise son monde. Reprise en main par son boyfriend, Scott, un Adonis de salle de gym, elle met bientôt les voiles avec sa fille, Margot, une ado lassée par la vie de bohème. On the road again ! Le clash est proche...
Notre avis : Traînantes nasales, humour et joie de vivre, le Québec n’est pourtant plus ce qu’il était. Louise Archambault dézingue sa "belle province" dans Familia, une première œuvre mordante sur les faux-semblants et l’hypocrisie. Un sport pratiqué en famille. Un beau-père pressant constamment Michèle de ses avances, une amie cocue jusqu’à la moelle mais feignant poliment de ne rien savoir, le tableau n’est pas rose. En faisant de l’illusion un art de vivre national, le Québec tient coûte que coûte. Une dignité transmise de mère en fille comme un secret de famille honteux dont on ne peut se défaire sans le rendre public.
Femme et québécoise de surcroît, Louise Archambault lave le linge sale au cinéma. Et tout le monde en prend pour son grade. Familia brocarde l’esprit petit-bourgeois, le foutraque et les sacro-saintes valeurs d’une contrée dont le cœur balance entre les Etats-Unis et la francophonie. Pour son coup d’essai, la réalisatrice réussit à faire la synthèse entre ces deux univers aux données cinématographiques souvent antinomiques. D’un canevas de série télé américaine, elle extrait ce portrait de groupe doux et amer, dépeignant des personnages au bout du rouleau avec une générosité qui fait mouche. Archambault brasse les générations et les liens filiaux dans cette polyphonie : en prenant la route pour fuir sa vie, Michèle part à la rencontre de la douleur féminine.
L’an dernier, au Festival de Locarno, le film a eu un jolie succès, soutenu par une presse unanime. Peut-être le film de cet été, sensible et intelligent.
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