Le 16 juillet 2017
Une réflexion sincère et épurée sur la cruauté de la vie vue à travers le regard d’un enfant.
- Réalisateur : Carla Simón
- Acteurs : David Verdaguer, Laia Artigas, Paula Robles, Bruna Cusí
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 19 juillet 2017
- Festival : Festival de Berlin 2017
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Résumé : Suite à la mort de ses parents, Frida, 6 ans, quitte Barcelone et part vivre à la campagne chez son oncle et sa tante et leur petite fille de 3 ans. Le temps d’un été, l’été 93, Frida apprendra à accepter son chagrin et ses parents adoptifs apprendront à l’aimer comme leur propre fille.
Notre avis : Avec ce premier long-métrage tout en justesse et en retenue, la réalisatrice catalane Carla Simon rafle le Prix du meilleur premier film et le Grand Prix génération Kplus, décerné par un jury international au Festival de Berlin 2017.
Si cette œuvre résonne de tant d’accents de vérité, c’est que la réalisatrice s’appuie sur sa propre expérience d’orpheline pour tracer l’histoire de Frida, cette fillette volontaire, condamnée à se composer une nouvelle vie, entre résignation et révolte. Juxtaposant habilement des scènes courtes sous forme de tranches de vie, elle nous invite à suivre les bouleversements mentaux de Frida qui dans un premier temps, groggy par le choc émotionnel de la perte de ses parents, observe et se comporte correctement pour ensuite affirmer son mécontentement et ses exigences auprès de sa nouvelle famille et tout particulièrement de cette nouvelle petite sœur avec qui elle doit apprendre à partager.
- Copyright Pyramide Distribution
Entre subtiles suggestions (phrases courtes à l’efficacité redoutable) et silences explicatifs (regards lourds de signification, câlins volés) le scénario évite toute note mélodramatique au profit de scènes drôles et souvent joyeuses grâce à l’espièglerie et au naturel des deux jeunes interprètes. Si la générosité des comédiens adultes imprègne d’une tendre humanité ce récit douloureux, ce sont l’osmose entre les deux jeunes héroïnes et la perfection de leur jeu qui retiennent toute l’attention. Il faut dire que Carla Simon semble posséder un don tout particulier pour filmer les enfants. Elle place la caméra à leur hauteur et nous permet d’appréhender le moindre détail de leurs expressions parvenant ainsi facilement à nous tournebouler le cœur, juste comme il faut.
Afin de reconstituer au mieux cette période cruelle de son enfance, elle filme les lieux réels où elle a vécu les années d’apprentissage de cette nouvelle vie, bien loin de la vie de citadine qu’elle menait jusqu’à présent à Barcelone. On l’observe avec intérêt se familiariser avec ces paysages rudes de la Garrotxa où le soleil ne perce que rarement aussi bien qu’ avec une végétation luxuriante égayée d’une éclatante multitude de nuances de verts, parfaits symboles du comportement ambivalent de l’enfant vis-à-vis de son entourage.
- Copyright Pyramide Distribution
Discrètement, Carla Simon en profite pour dresser un portrait précis de la société espagnole des années qui ont suivi le franquisme. Les grands-parents de Frida représentent la génération qui a traversé la guerre civile espagnole en s’accrochant aux idéaux de droite propres à la grande bourgeoisie. Leurs enfants, Marga et Esteve s’opposent à ces valeurs dépassées, y compris au catholicisme et aux anciennes traditions, et choisissent d’inventer un nouveau style de vie en s’installant loin des villes. Comme elle l’avait déjà fait dans son documentaire Born Positive, la réalisatrice évoque également les dégâts causés par le sida, maladie alors mal connue qui suscitait les plus vives inquiétudes. Frida, née de parents touchés par le virus, sera d’ailleurs soupçonnée de maladie grave et devra subir de nombreux examens, dès lors qu’elle développera un eczéma persistant qui s’avérera être de nature plus psychologique que physiologique.
Si les étés se suivent et ne se ressemblent pas, ils restent néanmoins souvent synonymes de belles rencontres. Un été 42 nous avait ouvert les portes d’un monde de subtilité et de sensualité. Eté 93 vous transportera dans l’univers de l’enfance où si tout n’est pas que rires et insouciance, la joie de vivre finira par l’emporter.
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