Radiographie d’un film accidenté
Le 19 avril 2011
Sincère, parfois touchante, cette comédie pleine de bons sentiments n’en demeure pas moins anecdotique et candide.
- Réalisateur : Jennifer Devoldère
- Acteurs : Claude Perron, Michel Blanc, Mélanie Laurent, Florence Loiret-Caille, Manu Payet, Géraldine Nakache , Guillaume Gouix, Kev Adams, Alexandre Steiger
- Genre : Comédie, Romance, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h38mn
- Date de sortie : 20 avril 2011
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Résumé : La famille, c’est compliqué... Surtout quand Eli, le père, bientôt soixante ans, attend un enfant de sa nouvelle femme. À l’annonce de la nouvelle ses deux grandes filles, Dom, qui cherche à adopter, et Justine, qui passe d’un petit ami à un autre sans trop d’état d’âme, sont ébranlées. Pour se rapprocher de Justine avec qui il n’a jamais pu s’entendre, Eli a la bonne idée de se lier d’amitié avec tous ses ex... À son insu. Mais lorsque Justine tombe de nouveau amoureuse et qu’Eli s’apprête à tout gâcher, la famille est sur le point d’imploser. Est-ce que tout ce petit monde va parvenir à se réconcilier avant qu’il ne soit trop tard ?
Critique : Avec son lot de bonnes intentions et sa sincérité débordante, Et soudain tout le monde me manque ferait presque faiblir la vigilance du critique, surtout si celui-ci est un amateur de films légers et "bon public". Un générique efficace - patchwork de cartes postales dont on comprendra, à la fin de l’histoire, la signification - nous introduit dans un univers personnel et décalé, où l’humour jaillit souvent de quelques répliques bien senties. Mélanie Laurent, véritable Clara Sheller désabusée par l’amour, occupe le centre de ce film choral qui s’en prend gentiment aux pères - surtout Michel Blanc, vraiment touchant dans le rôle de ce paternel juif incapable de communiquer avec ses filles - sans jamais négliger les enfants, qu’ils soient désirés (Dom et ses problèmes d’adoption), attendus (la nouvelle femme d’Eli est enceinte) ou aux prises avec l’âge adulte (le tandem Dom / Justine). "La famille, c’est compliqué" : le scénario répète à l’épuisement ce postulat initial, nous invitant à méditer sur nos rapports avec nos proches. Comble du raffinement, Justine en question, double idéalisé de la cinéaste, cultive la fibre artistique : pour tromper son ennui et dynamiser son travail de manipulatrice radio, la voilà qui réalise des imageries médicales à partir d’un rien (objets du quotidien, petit chien d’une patiente) ou s’amuse à "décomposer" celui qu’elle aime pour mieux dire, par métaphore, l’état fragmentaire de leur relation. La cinéaste étant, derrière le personnage de Justine, au centre de ce dispositif de bons sentiments, on voit mal comment on pourrait refuser au film le concert de louanges qu’il semble invoquer à chaque nouvelle séquence.
Mais il y a un diagnostic sévère que le métrage nous donne à voir malgré lui : c’est celui de la comédie à la française. Celle-ci, à l’image des œuvres branchées du personnage, semble réduite à quelques types bien campés ou, tout au mieux, à quelques répliques percutantes (les dialogues constituant néanmoins, il faut le reconnaître, une réussite). Formellement, Devoldère ne se risque guère à l’audace, si ce n’est sous la forme d’un travelling circulaire à table ou de quelques effets lumière lorsqu’il s’agit de "dramatiser" la situation. Le reste demeure anecdotique, un peu comme le quotidien moyen du spectateur auquel s’adresse le film. Certes, la performance de Blanc est très touchante et la plastique de Guillaume Gouix, largement exhibée, n’a rien pour déplaire. Mais au-delà de ces personnages très honnêtes et d’un humour communautaire sympathique, le discours porté sur notre monde demeure assez vague, sur un sujet qui aurait pu s’y prêter à merveille. La faute n’en incombe, à vrai dire, ni au scénario ni à la réalisation, mais plutôt au "propos" d’ensemble qui aurait gagné à être plus étudié. Film-symptôme (d’un certain état du cinéma en France) ou, tout au plus, film-constat, Et soudain tout le monde me manque cache ainsi, derrière un titre incisif et accrocheur, un univers plutôt lisse qui remplira sans peine sa fonction de (pur) divertissement, mais peinera à combler les attentes du spectateur en attente d’une satire percutante de notre monde.
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