Le 19 février 2014
Escape from tomorrow ou comment tenter de susciter l’intérêt en tournant illégalement un film au pays de Mickey.
- Réalisateur : Randy Moore
- Acteurs : Roy Abramsohn, Elena Schuber
- Genre : Comédie, Épouvante-horreur, Expérimental
- Nationalité : Américain
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Film présenté au festival de Sundance en 2013.
Escape from tomorrow ou comment tenter de susciter l’intérêt en tournant illégalement un film au pays de Mickey.
L’argument :Un père de famille apprend qu’il est licencié. Il décide malgré tout de changer en se rendant à Disneyland en Floride, avec sa femme et ses deux enfants. Il est bientôt victime d’hallucinations.
Notre avis : Réalisé en 2013, Escape from tomorrow a fait l’actualité sur le net en raison de ses conditions de tournage. En effet, le cinéaste Randy Moore a tourné son film en catimini à Disneyland, en Floride. Pour arriver à ses fins, il a utilisé des subterfuges qui ont consisté à faire passer les acteurs et les autres personnes travaillant sur le film en petits groupes et en donnant l’impression qu’ils sont de simples touristes. Pour pouvoir tourner, le parti pris a été d’utiliser des I phones. En somme, Randy Moore avait bien prévu son coup à l’avance, lequel est demeuré secret jusqu’au dernier moment.
Il faut dire que Walt Disney n’aurait pas donné son accord pour permettre de tourner un long métrage sur l’un de ses sites car Escape from tomorrow est loin du monde merveilleux et magique véhiculé par la firme américaine. Au contraire. Il s’agit d’une œuvre horrifique où l’on suit un père de famille, Jim, à qui il va arriver des événements peu communs et pas franchement sympathiques.
Le choix de tourner le film en noir et blanc est sans conteste une excellente idée. On sent rapidement qu’il se trame quelque chose de bizarre ; ce dispositif contribue à cette sensation. L’acteur principal est par ailleurs très bien dans le rôle de cet homme qui voit toutes les facettes de son quotidien se désagréger autour de lui : il perd son travail ; il n’arrive pas à se faire respecter de ses enfants ; il est dominé par sa femme qui l’accuse de lorgner sur deux jeunes filles.
Et puis il y a tout cette propagande anti Disneyland qui demeure pertinente, comme si Randy Moore voulait prouver au monde entier que l’univers magique du studio n’est qu’une illusion. C’est donc toute une critique de la société de consommation qui se met en place entre les lignes, à l’image de cette discussion entre Jim et une jeune femme, durant laquelle cette dernière lui raconte qu’il n’est pas en train de manger de la dinde mais un autre animal, ce qui est bien moins “vendeur” pour le coup et qui prouve que l’on peut faire croire n’importe quoi aux gens.
Pour le reste, ce long métrage de Randy Moore se contente de manière un peu paresseuse d’accumuler certaines facilités scénaristiques. Le réalisateur se plaît d’abord à nous montrer que son personnage principal, frustré sur le plan sexuel (serait-ce une façon de dénoncer le modèle familial prôné par les productions Walt Disney ?), n’a qu’une chose en tête : fréquenter des femmes, voire de très jeunes femmes. Le film multiplie les plans à caractère sexuel. Tout cela est manifestement fantasmé mais cela en devient un véritable leitmotiv : Jim voit les seins d’une jeune femme ; il couche avec une autre femme ; il lorgne sur la poitrine d’une infirmière. Et puis il est irrémédiablement attiré par deux adolescentes françaises, dont la présence renforce le côté étrange de cette œuvre. On les voit avec récurrence autour du personnage principal et on se demande bien pourquoi il s’exerce une telle attraction entre eux. Est-ce une façon de révéler le caractère pervers et pédophile latent chez ce père de famille ? Peut-être, mais cet aspect en reste malheureusement au stade des intentions. Le cinéaste n’ose pas aller plus loin, si bien que l’on finit presque par trouver quelque peu facile le fait de multiplier la présence insistante de ces deux jeunes filles.
Surtout, le principal défaut tient à son fond qui manque cruellement de consistance. Escape from tomorrow est vendu comme un suspense horrifique alors que l’horreur ne se manifeste qu’au travers de la déchéance mentale et physique du principal protagoniste (sa blessure au pied constitue l’un des rares éléments proprement horrifiques du film), comme le prouve d’ailleurs la fin sans concession. Pour autant, avant d’en arriver là, on s’ennuie sévèrement par instants, ce qui explique sans doute pourquoi le réalisateur a émaillé son œuvre de plusieurs scènes à caractère gentiment érotique gratuite. Ce procédé ne parvient pas à masquer l’indigence du scénario.
Quelques mots sur la mise en scène. Si le film paraît convenable pour une œuvre tournée à la sauvette, certains tics visuels sont parfaitement dispensables : on songe en particulier à certains ralentis qui ne servent à rien ou encore à des raccords de plans qui sont un peu faciles, comme le fait de voir concomitamment une femme dénudée et un feu d’artifice.
Au final, Escape from Tomorrow se rapproche davantage de l’exercice opportuniste que du projet expérimental farouchement indépendant qui aurait pu nous séduire.
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