La fin d’un monde
Le 27 novembre 2014
- Réalisateur : Amir Manor
- Acteurs : Yosef Carmon, Rivka Gur
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h36mn
- Titre original : Hayuta u' Berl
- Date de sortie : 18 juin 2014
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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– Sortie DVD : le 2 décembre 2014
– Année de production : 2012
Un joli coup d’essai pour ce premier film d’Amir Manor, qui met en scène l’intimité et la désillusion d’un couple d’octogénaires avec bienveillance et sobriété.
L’argument : Hayuta et Berl, un couple de personnes âgées, ont du mal à s’habituer à l’Israël moderne et aux changements sociaux qui les entourent. Après des années de bataille, ils se refusent à abandonner leurs rêves communs et leur projet révolutionnaire de construire un État-providence en Israël. Au cours d’une nuit douloureuse de désillusions, le couple décide de quitter son appartement pour un dernier voyage.
Notre avis : Souvent comparé au film Amour de Michael Haneke, autre film sur la vieillesse, Epilogue - qui fut lui aussi tourné en 2012 - est le très réussi premier long-métrage d’Amir Manor. Inspiré par la mort de ses grands-parents, le réalisateur a pris le parti de filmer exclusivement ce couple d’octogénaires qui vit difficilement avec son temps et lutte pour faire revivre ses idéaux passés. On ne peut que constater que la formule a réussi, puisque le film fit le tour des festivals internationaux et obtint de nombreuses récompenses, dont le prix du meilleur scénario au festival de Thessalonique. Quant aux deux acteurs - deux comédiens de théâtre que le réalisateur choisit lui-même sur un coup de cœur - ils reçurent respectivement le prix du Meilleur acteur et de la Meilleure actrice à Bratislava et Jérusalem. Un petit film, certes, mais qui ne manque pourtant pas de grandeur.
© Sophie Dulac Distribution
Sobre, émouvant et attachant, Epilogue est de ces films qui n’ont rien de grandiose mais dont on ressort ébahis. Très intimiste, il nous plonge dans le quotidien de ce couple, dont on observe les faits et gestes avec précision, d’autant plus que les scènes sont presque toujours centrées sur un seul des deux personnages. La justesse du jeu des acteurs et l’épaisseur psychologique des protagonistes sont admirables, si bien que l’on éprouve envers eux une grande tendresse et une étonnante proximité. Si le sujet est grave, le film ne tombe cependant jamais dans le pathétique. Il n’est ici nullement question de s’apitoyer sur le sort de deux octogénaires dont la santé et l’autonomie seraient mises à mal. D’ailleurs, dès la première scène - une assistante sociale vient évaluer les aptitudes physiques et mentales d’Hayuta et Berl - on comprend bien que le souci n’est pas là. Le couple malmène quelque peu la jeune femme - ce qui nous vaut quelques passages comiques - et voilà que le sujet est lancé.
© Sophie Dulac Distribution
Nostalgiques et dépassés par le monde moderne dans lequel ils ne parviennent pas à trouver leur place, Hayuta et Berl endossent le rôle de deux inadaptés, qui portent en eux le fardeau de leurs idéaux "démodés". Comment faire alors pour "vivre avec son temps", quand la société solidaire d’antan est devenue une société de consommation individualiste et déshumanisée ? Alors que Berl, rebelle et idéaliste, essaie à tout prix de recréer cette société aimée, Hayuta, désabusée et résignée, n’est désormais plus qu’un témoin passif de la déchéance de son pays. Le parcours individuel de chacun est semé d’embûches, et malgré quelques notes d’espoir - notamment lorsque le pharmacien délivre gratuitement ses médicaments à Hayuta, qui n’a pas de quoi les payer - "le temps perdu" est hélas bien perdu et l’espoir d’un "temps retrouvé" sombre dans l’écho étouffé de la révolte. Les retrouvailles du couple, à la fin, en attestent. En somme, un film qui délivre un message politique sur un registre poétique, tout en douceur et constat aigre-doux. La mise en scène épurée souligne d’ailleurs cette impression. Tout est lent et silencieux, à l’image des protagonistes qui dénotent avec l’atmosphère de la ville, dans laquelle tout a une valeur et doit être consommé rapidement, même l’art. Incarnation de l’anti-société moderne, le couple en est le sujet dénonciateur, tout en délicatesse. Une formule joliment dosée.
LE TEST DVD
Un DVD de très bonne qualité, techniquement solide.
Les suppléments :
D’abord un court métrage du réalisateur datant de 2009, intitulé Ruin (47mn). Atmosphère tragique, malsaine et violente pour ce petit film dont on retient peu de choses. L’image est par ailleurs bien trop sombre et rend la visualisation périlleuse. Ensuite, une série de six scènes coupées (16mn) sans intérêt notable.
L’image :
L’image est d’une étonnante netteté pour une édition DVD. Le bon étalonnage des couleurs sublime le travail du chef opérateur, surtout dans la désaturation des teintes. Des teintes qui sont d’ailleurs fort bien restituées, même dans les séquences sombres.
Le son :
Une piste son Dolby Stéréo 2.0 est proposée, qui offre une bonne dynamique stéréo et une captation sonore de qualité. Les dialogues sont très audibles et on ne relève pas de bruits parasites. Seule une version en hébreu est proposée, avec un sous-titrage en français, ainsi que français pour sourds et malentendants.
Galerie Photos
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