Retour sur l’existence d’un père que son fils croise dans un foyer pour SDF. Un récit coup de poing, qui sent l’alcool, le désespoir et les illusions perdues.

L’existence de Nick Flynn n’a jamais ressemblé à un long fleuve tranquille. Jonathan, son père, a fui le domicile familial dès sa naissance, laissant sa mère se débrouiller seule. Elle se suicidera une vingtaine d’années plus tard, assassinant en même temps les illusions légitimes de son fils. Inconsciemment sans doute, Nick va suivre un chemin similaire en beaucoup de points à celui tracé par son géniteur, enchaînant les petits boulots, sombrant dans la drogue et l’alcool, travaillant enfin dans un foyer pour SDF de Boston. Et c’est par hasard qu’il y retrouve Jonathan, privé de ressources, ivrogne, fort en gueule, obsédé par le roman qu’il n’a jamais réussi à écrire.
C’est la totalité de cette histoire que Flynn nous raconte, alternant les procédés narratifs, nous plongeant dans les bas-fonds de Boston, au cœur d’une Amérique sans repères. Ce récit est aussi chaotique que l’existence de son narrateur très tôt livré à lui-même, désabusé par une famille boiteuse et déstructurée. Les retrouvailles entre les deux hommes sont intenses, dévoilant un rapport ambigu entre ce père et ce fils qui ont évolué loin l’un de l’autre. Ici, la lourdeur du silence n’exclut en rien les sentiments. Si leur attachement est indéniable, l’amertume réciproque n’en est pas moins vive et cinglante. Ce témoignage déborde d’authenticité, de hargne, de brutalité et de colère. Et reste avant tout un formidable hommage au père.