En souvenir de nous

Une regard inédit sur l’amitié déçue qui se noie quelque peu dans la mélancolie.

L’argument : Les amis de Jeanne se retrouvent à la suite de son enterrement. Ils se souviennent alors du dernier été qu’ils ont passé ensemble dans sa propriété il y a douze ans. Des souvenirs qui constituent un début de réponse aux multiples questions qu’ils se posent sur les raisons de son suicide.

Notre avis : Jeanne, la mélancolique, Marielle, la pondérée, Colombe, l’exubérante,
Pascal, le voisin de Jeanne, et sa fille Léo, ont emmêlé leur destins le temps d’une semaine mouvementée à la campagne. Pour chacun d’un, elle restera inoubliable. Pour Marielle, c’est l’été où elle a appris qu’elle attendait son fils. Pour Jeanne, c’est celui des désillusions. Colombe, la sœur de Marielle, s’est entichée de Pascal dont elle a toujours été amoureuse. Celle qui croyait avoir donné rendez-vous à l’amitié se voit confrontée à son mal-être. Le profond sentiment d’abandon et la déception qu’elle éprouve alors ne semblent pas l’avoir quittée jusqu’au soir de sa vie. Les retrouvailles forcées de Marielle, Colombe et Pascal sont l’heure des interrogations et de leur responsabilité dans le sort que s’est réservé leur amie. Une introspection qui rappelle, dans un autre contexte, celle des amis d’Alex dans le film américain The big chill (1983).
Que peut-on espérer d’un ami ? Jeanne semble être restée longtemps dans l’attente d’une réponse qui comblerait le vide ressenti par une nature si prompte au désespoir. Michel Leviant met en scène des personnages qui se sont toujours préoccupés de leurs intérêts particuliers, refusant de répondre aux appels de détresse, certes voilés, d’une femme qui aura cherché toute sa vie des raisons de vivre.
En souvenir de nous s’apparente à la chronique d’un drame annoncé où les images du passé éclairent celles du présent. Le temps est un personnage à part entière du film. Le réalisateur franco-américain retrouve (à l’exception d’Hélène Lapiower qui prête ses traits à Jeanne, décédée d’un cancer en 2002) les interprètes de son téléfilm Le mur aux fées (1994), récit des vacances de trois jeunes femmes dans la propriété de l’une d’elles. La réalité du temps qui passe, qui n’est pas factice chez ses acteurs, donne un vernis particulier à ce film qui se déroule sur deux époques. Mais la mélancolie, qui traverse de bout en bout cette fiction, est comparable à l’air brassé par un ventilateur. Jamais il ne se renouvelle et En souvenir de nous finit par manquer de souffle. Le sentiment diffus du drame qui se noue tout au long de cette heure et demi, au lieu de tenir en haleine, laisse presque indifférent. L’émotion, pourtant vraie des personnages, reste toujours dans le domaine de la fiction pour une œuvre qui, chose rare au cinéma, fleure bon le réel dans son rapport au temps.