En direct de Cannes : Le Havre enchante la Croisette

L’argument : Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire.
Quand au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon refugié.
Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents.

L’avis à chaud : Après la semi-déception de Tree of life, une nouvelle surprise attendait aujourd’hui les festivaliers ce mardi 17 mai, la présentation du nouveau film d’Aki Kaurismäki. Incapable jusqu’à présent de décrocher une palme d’or (il a toutefois obtenu le Grand Prix du Jury pour L’homme sans passé en 2002), le cinéaste finlandais pourrait changer la donne en 2011, comme le suggère l’enthousiasme des critiques internationales à l’égard de son 16e long métrage de fiction.
Le Havre est tout simplement un bain de fraîcheur et un enchantement cinématographique. La poésie de Kaurismäki s’enrichit de références aux univers de Tati et Etaix dans une France intemporelle (avec accordéon et boulangeries de quartier), ouverte ici au métissage culturel. L’humanisme du propos et la cohérence plastique ne devraient pas laisser de marbre le Jury cannois. André Wilms pourrait même obtenir le prix d’interprétation masculine.

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