Le 2 décembre 2023
Ils veulent échapper à la réalité et, finalement, elle les rattrape. L’adaptation cinématographique du best-seller d’Olivier Bourdeaut mise sur la surenchère et fatigue trop souvent. Mais Virginie Efira parvient à sauver plusieurs séquences, éclipsant son partenaire de jeu.
- Réalisateur : Regis Roinsard
- Acteurs : Romain Duris, Aurélia Petit, Virginie Efira, Grégory Gadebois, Marc Susini, Johann Dionnet
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 2h05min
- Date télé : 3 décembre 2023 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 5 janvier 2022
- Festival : Festival du film de société de Royan
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Résumé : Camille et Georges dansent tout le temps sur leur chanson préférée Mr Bojangles. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Jusqu’au jour où la mère va trop loin, contraignant Georges et leur fils Gary à tout faire pour éviter l’inéluctable coûte que coûte.
Critique : "Maman est folle/On n’y peut rien/Mais c’qui nous console/ C’est qu’elle nous aime bien", chantait William Sheller, il y a bien des années. Ces mots rappellent la translation cinématographique du best-seller d’Olivier Bourdeaut, qui suit la trame du livre, où d’abord rien ne semble déraisonnable, puisque tout l’est. Dès la première scène, Georges plastronne dans un cocktail mondain et donne le ton d’un récit qui compile les morceaux de bravoure taillés pour des comédiens cabotins. L’enchaînement frénétique des actions évoque Philippe de Broca (cependant, Duris n’a pas le panache de Belmondo). On pense aussi à l’univers de Boris Vian, auquel on avait déjà beaucoup comparé le roman de Bourdeaut, peuplé de situations absurdes et de jeux multiples, trop souvent faciles, sur les variétés de la langue.
- Copyright Roger Arpajou/Curiosa Films
La première heure est menée tambour battant, dans une orgie de vie et de joies : si les protagonistes veulent échapper à l’ennui par tous les moyens, le film semble quasiment proscrire les temps morts, s’accommodant d’une hystérie narrative très actuelle, dictée par le modèle des séries, comme s’il ne fallait laisser aucun répit au spectateur. Lequel, bientôt asphyxié puis lassé par cette surenchère de gestuelles outrées, de mimiques affectées, de bons mots absurdes et surtout d’apophtegmes lourdingues -des leçons de vie assénées à l’enfant de Camille et Georges- note aussi que ces deux-là changent d’identité au gré de leurs humeurs. So what ?
Cheminant de manière semblable à L’Écume des Jours, le long métrage tente de se ressaisir après la cavalcade frénétique, opère un changement de registre, dévoile le mal qui ronge Camille : non pas un nénuphar, plutôt une instabilité permanente dont l’origine remonte à une enfance malheureuse et lui vaut un internement dans un hôpital psychiatrique. Ce schéma causaliste et psychologisant dévoile une intention didactique qu’on avait repérée depuis le début. Dès lors, la dernière partie bifurque vers un drame attendu.
- Copyright Roger Arpajou/Curiosa Films
Ayant pris au mot le proverbe "bâtir des châteaux en Espagne", les personnages changent de géographie. Ils n’atteindront pourtant pas l’horizon fantasmé, où s’envole Mademoiselle Superfétatoire, l’animal surréaliste en forme de grue fidèle, tels les rêves chassés par la folie de Camille à coups de carabine. Au bout du compte, rien ne surprend dans cette configuration très conforme à ses intentions.
Mais il y a Virginie Efira : souvent mal servie par une mise en scène pataude, elle parvient à transcender quelques scènes et éclipse son partenaire de jeu Romain Duris, qui nous rejoue sa partition monochrome de Colin dans... L’Écume des Jours. Pour elle, on oubliera volontiers tout le reste.
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