Le 22 octobre 2017
Un concept absolument génial, malheureusement sous-exploité.
- Réalisateurs : Jonathan Dayton - Valerie Faris
- Acteurs : Chris Messina, Zoe Kazan, Paul Dano
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h43mn
- Box-office : 56.835 (entrées France) - 16.307 (entrées Paris Périphérie)
- Titre original : Ruby Sparks
- Date de sortie : 3 octobre 2012
L’argument : Calvin est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée.
- © Twentieth Century Fox France
Notre avis : Elle s’appelle Ruby est le deuxième film de Jonathan Dayton et Valerie Faris, le duo de clippeurs à l’œuvre sur le désormais culte Little Miss Sunshine. Six ans se sont écoulés depuis ce carton surprise du box-office, au succès critique et public notamment auréolé d’un César et d’un Oscar. C’est dire si la nouvelle fiction du duo était attendue.
Ruby commence à ce titre par un magnifique jeu de miroir. On découvre à l’écran la vie de Calvin, jeune écrivain ayant connu un triomphe avec son premier ouvrage et souffrant depuis du syndrome de la page blanche. Ce personnage est présenté avec tous les "tics" de mise en scène propres au cinéma indépendant américain : saynètes humoristiques accompagnées par une musique pop caractéristique (ici signée par l’excellent groupe Devotchka), acteurs habitués à ce genre de production (Calvin est notamment interprété par Paul Dano, qui jouait Dave dans Little Miss Sunshine), dialogues ironiques et complices du spectateur... Les amoureux du précédent film du duo seront en terrain connu et s’attendront à une comédie typique de celles présentées à Sundance.
La suite prend pourtant une toute autre tournure. Par une pirouette scénaristique inattendue, le film bascule soudainement dans le fantastique. Écrivant sur une jeune femme imaginaire (Ruby) dont il tombe peu à peu amoureux, Calvin voit un jour sa "création" se matérialiser devant lui. Au départ extrêmement troublé, il accepte rapidement cet état de fait et forme un couple avec la jeune femme. Quand son frère découvre lui aussi la réalité de la situation, il pousse Calvin à modifier son texte pour changer la personnalité de Ruby. Le miracle se produit : la jeune femme se transforme en fonction de ce que Calvin écrit.
- © Twentieth Century Fox France
Les attentes du spectateur deviennent alors énormes. On se dit qu’on tient peut-être le concept de l’année en matière de comédie, le genre de pitch permettant un nombre inimaginable d’excentricités. Du jamais vu depuis Un jour sans fin. Hélas, le scénario désamorce rapidement toutes ses possibilités lorsque Calvin décide de ne pas "toucher" à sa création. Pendant près d’une heure, le film ne sort ainsi jamais du cadre de la comédie de mœurs "indie" lambda. L’ensemble est certes bien écrit, réalisé et interprété, mais n’exploite jamais son génial concept initial.
Il faudra attendre la fin du métrage pour que le héros, voyant sa "création" lui échapper, décide enfin de profiter de son pouvoir sur cette dernière. Malheureusement, malgré une scène à la noirceur surprenante, le tout reste trop précipité et caricatural pour pleinement nous toucher, et c’est un sentiment de frustration qui perdure après la projection. Alors certes, les intentions de la jeune scénariste (Zoe Kazan, qui interprète aussi Ruby dans le film) étaient probablement d’offrir une métaphore sur les affres de la création et la manière dont une œuvre, une fois révélée au public, n’appartient plus à son auteur. Mais tout de même, lorsqu’on développe un concept aussi génial, l’intérêt est justement de le pousser à son maximum pour construire sa réflexion sur les arcs scénaristiques qu’il est susceptible de générer.
Elle s’appelle Ruby reste malheureusement au stade de la simple bonne idée et ne transcende jamais son sujet. Il en résulte un film très plaisant, souvent drôle, toujours humble dans son approche, mais qui ne décolle vraiment jamais. Dommage.
- © Twentieth Century Fox France
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
roger w 13 octobre 2012
Elle s’appelle Ruby - la critique du film
Pas aussi séduisant que Little Miss Sunshine, Elle s’appelle Ruby est un petit film indépendant qui demeure de bonne qualité. Si son pitch de départ n’est effectivement pas exploité à fond, on apprécie le discours sur l’ultra moderne solitude, ainsi que l’incapacité des êtres à construire une relation amoureuse durable. La fin assez désabusée est même plutôt poignante dans son constat d’échec permanent. Intéressant à défaut d’être totalement abouti.