Le 25 mars 2014
Un documentaire très personnel, au coeur du Chaco paraguayen, qui narre la quête d’un homme pour protéger sa terre et la donner aux Indiens Guaranis-Nandevas.
- Réalisateurs : Daniele Incalcaterra - Fausta Quattrini
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Argentin
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 26 mars 2014
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Un documentaire très personnel, au cœur du Chaco paraguayen, qui narre la quête d’un homme pour protéger sa terre et la donner aux Indiens Guaranis-Nandevas.
L’argument : A la mort de son père, Daniele Incalcaterra a hérité de 5.000 hectares de terres dans l’un des derniers espaces du monde à conquérir : le Chaco paraguayen. Le Chaco est à la fois cette dernière terre vierge où l’on aurait l’espoir d’écrire une autre histoire,et en même temps ce lieu que l’on pressent tragique, où risque de se rejouer un western classique avec l’aboutissement de la conquête de l’Ouest : une nature sauvage à dompter, une terre à coloniser, des richesses à exploiter, des Indiens à exterminer.
Daniele Incalcaterra a pris la décision de restituer ses 5000 hectares aux Indiens qui vivent depuis toujours sur ce territoire.Ses voisins - compagnies pétrolières, cultivateurs de soja transgénique et éleveurs de bétail - qui défrichent la forêt, ne semblent pas très favorables à cette idée…
Notre avis : Auteur de plusieurs documentaires, Daniele Incalcaterra, né en Italie, a hérité de son père d’une terre de 5000 hectares au Paraguay, à l’intérieur du Chaco, deuxième forêt vierge d’Amérique du Sud, après l’Amazonie, surnommée El impenetrable par les Espagnols à l’époque coloniale.
Daniele Incalcaterra a eu rapidement dans l’idée de rendre cette terre aux Indiens, peuples originaires du Paraguay. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’on l’imagine.
En évoquant son long métrage, Daniele Incalcaterra parle de western documentaire. Il n’a pas tort dans son approche, tant son histoire s’apparente à un western contemporain. On a ici les grandes thématiques du genre avec une terre hostile et sauvage, des propriétaires terriens pas franchement accueillants, des frontières qui restent à définir et des Indiens qui sont présents depuis toujours sur ce territoire.
Avec Fausta Quattrini, sa compagne à la ville, Daniele Incalcatterra a filmé sur le vif le Chaco paraguayen. On aperçoit des terres sauvages, avec des chemins de terre qui rendent son passage difficile d’accès pour une voiture. Mais l’hostilité naturelle de ce territoire n’est pas la seule. Il faut compter aussi avec celle la population locale et notamment des gros propriétaires terriens qui ont dressé des clôtures sur des chemins publics. El impenetrable prend alors tout son sens, tant il est contraignant pour Daniele Incalcaterra d’arriver sur son terrain.
Ce documentaire est très bien rythmé durant son heure et demi. On suit avec intérêt cette histoire personnelle qui prend des allures de feuilleton télé. Car les embûches sont nombreuses et les rebondissements également de la partie. Daniele Incalcaterra fait preuve en toutes circonstances d’une sacrée dose de courage et de patience. On le voit discuter avec des gens armés et peu disposés à l’aider. Il va même jusqu’à rencontrer le plus gros propriétaire terrien du Paraguay, qui n’est autre que son voisin, dans le but de délimiter ses terres. Notre acteur-réalisateur sollicite aussi à plusieurs reprises l’appui de membres de l’administration, d’avocats et de juges pour faire valoir ses droits. Et comme si cela ne suffisait pas, il apprend qu’il n’est pas le seul à posséder un titre de propriété sur les parcelles qui ont été vendues à son père il y a plus de vingt ans. Cette terre a donc été achetée deux fois et a permis à l’Etat paraguayen de toucher deux fois plus d’impôts. Et son cas n’est pas isolé puisque les titres de propriété en doublon augmenteraient la surface "réelle" du Paraguay de plus de 30 %. On a vraiment l’impression d’être au Far west ! Comme le dit Daniele, “quel bordel, ce pays”. Cela étant, il ne se résigne jamais et sa volonté force le respect.
Outre l’imbroglio juridique autour de son titre de propriété, il doit tout de même composer d’une part avec Tranquillo Faverro, l’un des hommes les plus riches et les plus puissants du Paraguay qui a fait sa fortune dans l’élevage intensif et la culture du soja transgénique, et d’autre part avec les entreprises pétrolières qui ne demandent qu’à forer sur ses terres. Si le documentaire est orienté puisque l’on a uniquement le point de vue de deux co-réalisateurs, il met bien l’accent sur la notion de l’argent, seule véritable source de motivation de ces sociétés.
Ce qui n’est pas le cas de Daniele Incalcaterra qui se révèle altruiste dans ses actions. Bien que son héritage de 5000 hectares représente une valeur marchande et économique non négligeable, il souhaite seulement préserver ce territoire de la déforestation qui gagne chaque jour un peu plus le Chaco. C’est la raison pour laquelle il a l’idée de faire classer sa propriété en réserve naturelle. Son approche est clairement orientée autour du développement durable. Dans sa requête auprès de l’Etat, il déclare souhaiter “contribuer à la conservation des ressources naturelles avec notre patrimoine familial de 5000 hectares à transformer en une réserve naturelle privée à perpétuité, en utilisant 3 % de la surface comme centre de recherche et d’observation pour mesurer les impacts culturels, sociaux et environnementaux. […] Notre objectif à atteindre est de laisser aux générations futures une trace de notre patrimoine naturel et culturel de la zone du Chaco sec, aujourd’hui menacée brutalement.”
Le classement de ces terres en une réserve naturelle (après signature d’un décret présidentiel) donnent une autre tournure au titre du film. El impenetrable n’est plus seulement ce territoire en plein cœur du Chaco difficile d’accès. C’est une référence à la terre désormais inviolable de Daniele Incalcaterra qui sera préservée au niveau de son écosystème et gérée par les Indiens Guaranis-Nandevas qui pourront perpétuer leur culture et leurs coutumes. C’est une grande victoire pour l’acteur-réalisateur et un message d’espoir en vue de la préservation de notre planète.
Seulement trois semaines après le documentaire El gran dragon sur la perte du savoir ancestral des plantes médicinales au Pérou, arrive sur les écrans de cinéma El impenetrable qui constitue un excellent complément, avec dans les deux cas en toile de fond la déforestation et donc une planète qu’il faut sauvegarder.
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