Le club des prêtres déchus
Le 16 novembre 2015
Après No de Pablo Larrain, on dit encore ’yes’...
- Réalisateur : Pablo Larraín
- Acteurs : Alfredo Castro, Antonia Zegers, Roberto Farias
- Genre : Drame
- Nationalité : Chilien
- Durée : 1h37mn
- Titre original : El Club
- Date de sortie : 18 novembre 2015
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- Ours d’Argent à Berlin 2015 pour cette histoire malaisée d’âmes impures mises à l’écart du sacerdoce catholique chilien.
L’argument : Dans une ville côtière du Chili, des prêtres marginalisés par l’Eglise vivent ensemble dans une maison. L’arrivée d’un nouveau pensionnaire va perturber le semblant d’équilibre qui y règne.
Notre avis : Le film démarre sur des religieux qui se livrent à des courses de chiens. On découvre que le lévrier est le seul animal permis dans la Bible. Des hommes comme les autres ? Ils mènent, à première vue, une vie paisible et tout à fait canonique aux yeux des voisins du village de La Boca. Les apparences sont trompeuses. L’homme a fauté.
A mi-chemin entre le drame et le thriller, El club, au titre ironique, est avant tout l’histoire d’une congrégation qui se bat pour obtenir le pardon, pour des péchés irréparables. En vain.
En effet, après avoir tourné des long-métrages à fort caractère politique, comme on peut le constater à travers sa trilogie consacrée au dictateur Pinochet, (Tony Manero, Santiago 73 , Post Mortem, No) Pablo Larraín opère un virage à 180° pour s’intéresser à une réalité méconnue, secrète, dissimulée : l’envoi par l’Eglise et d’autres ordres religieux, d’hommes et de femmes gênantes, afin de les soustraire à la justice civile.
(C) Wild Bunch Distribution
Courageux dans sa démarche peu orthodoxe, le réalisateur de No confesse l’origine accidentelle du projet, après être tombé, dans un journal, sur la photo d’un prêtre chilien accusé d’abus sexuels sur mineurs. Ce dernier, avant que la justice ne le juge, avait été envoyé par l’Eglise dans une somptueuse demeure en Allemagne. El Club fouille donc dans les arcanes de la Maison de Dieu, au plus profond du catholicisme chilien, dont il remue la boue. Il s’attache à démasquer une Eglise qui a passé sous silence les crimes de quelques révérends, impliqués dans des histoires troubles, de pédophilie ou de connivence avec la dictature.
Dans le mélange des genres, l’auteur fait montre de beaucoup de subtilité, d’humour et de distance nécessaires pour permettre à son scénario de ne jamais prendre les virages attendus.
Il convie ses âmes égarées, filmées en grand angle, à évoquer leur passé, situant le spectateur dans la soutane du confesseur. Avec ironie et une dose d’humour savamment distillée, il nous prend toujours pas surprise.
Cependant la force du film réside sur les non-dits. Les paroles blessent : Pablo Larraín concentre toute la violence ainsi que la tension dramatique sur les mots prononcés par un pauvre garçon nommé Sandokan, victime de l’Eglise, et plus tard bourreau. Des moments forts, marquants.
La performance des comédiens est à ce titre saisissante, jamais dans la caricature, toujours dans la justesse. Ils offrent une prestation remarquable dans des rôles malaisés d’êtres qui ont déraillé, en proie à et donc en lutte contre leurs pulsions.
Pour capter cette ambiance mortifère, le cinéaste a opté pour une photographie, impressionnante dans la sensation crépusculaire qui domine : une brume inconfortable donne de la profondeur et du mystère au récit amplifié par la dimension musicale, classique et religieuse (avec des chansons qui appellent directement à l’expiation de péchés Perdón y Clemencia).
Au final, si El club se refuse à chercher la polémique, ce savoureux brûlot met le doigt là où cela fait mal, très mal.
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