Le voyage d’Elias
Le 12 février 2009
Aux antipodes d’un état des lieux de l’immigration clandestine ou du conte moral, le dernier Costa-Gavras se veut le récit homérique des aventures mi-oniriques mi-tragiques d’un jeune migrant. Inégal mais brillant.
- Réalisateur : Costa-Gavras
- Acteurs : Éric Caravaca, Riccardo Scamarcio, Juliane Köhler
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Grec
- Date de sortie : 11 février 2009
– Durée : 1h 50 min
– Titre original : Eden is West
Aux antipodes d’un état des lieux de l’immigration clandestine ou du conte moral, le dernier Costa-Gavras se veut le récit homérique des aventures mi-oniriques mi-tragiques d’un jeune migrant. Inégal mais brillant.
L’argument : Comme dans l’Odyssée, c’est en mer Egée que l’aventure d’Elias, notre héros sans légende, commence. Sur la même mer, sous le même soleil et le même ciel qu’à l’aube de la civilisation. Après bien des péripéties, dont une escale au paradis et un bref séjour en enfer, son épopée finit magiquement à Paris. Paris, que chaque errant voit briller au plus profond de ses rêves dans son sommeil incertain.
Notre avis : Saluons pour commencer la performance de Riccardo Scamarcio (Mon frère est fils unique), l’interprète principal de cette odyssée, excellent dans un registre qui privilégie l’intériorisation et le langage corporel. Outre le fait qu’il parle une langue inconnue (une volonté délibérée du réalisateur pour empêcher toute identification trop poussée du héros), Elias ne prononce que quelques phrases de tout le film.
- KG Productions
Symphonie à deux temps, Eden à l’ouest se situe quelque part à la frontière entre l’onirisme et la tragédie. Cette ambivalence se retrouve tout particulièrement dans la première partie, par ailleurs la plus réussie. À peine enfui du bateau des passeurs, Elias est pris au piège d’un camp de vacances de luxe. Débarqué de nulle part, le jeune homme se retrouve soudain dans un univers complètement décalé, dans tous les sens du terme. La vision des nudistes sur la plage au petit matin a quelque chose d’ irréel après les péripéties de la nuit. Objet de fantasmes pour tous ceux qui vont croiser son chemin, Elias est ainsi, dès son arrivée, réduit à sa dimension érotique. Par ailleurs, l’endroit symbolise l’hostilité d’une bonne partie de l’Europe (ici on parle anglais, français, italien...) envers l’Immigré. Tandis qu’une chasse à l’homme s’installe dans l’enceinte du paradis interdit, le parallèle avec l’excellent La Zona de Rodrigi Pla s’impose alors.
- KG Productions
La deuxième partie, après la fuite du camp, a des allures de road movie à travers l’Europe, des plages dorées du sud jusqu’à la destination ultime, Paris. Davantage ancrée dans la réalité (l’exploitation de la main d’œuvre sans papiers...), la suite du périple est émaillée de nombreuses rencontres qui n’échappent pas à un certain manichéisme. Les femmes, sensibles au charme d’Elias, y apparaissent en général la main sur le coeur tandis que, dans leur grande majorité, les hommes sont des escrocs, voleurs et menteurs. De même, un glissement s’opère chez Elias, qui de volontaire et débrouillard au début du film, semble désormais beaucoup plus soumis aux événements, voire naïf. Alors que la première partie semblait pouvoir à tout moment basculer dans la caricature sans pourtant jamais tomber dans le piège malgré un traitement des plus complexes, cette seconde-là n’échappe pas à certains lieux communs (notamment la rencontre inopinée avec une grande bourgeoise jouée par Annie Duperey).
- KG Productions
Il faut attendre la toute fin pour retrouver cette tension dans l’ambiguïté qui émaille le dernier Costa-Gavras de purs moments de génie. Parti sans rien, Elias trouvera au bout du chemin une baguette magique et une blanche colombe. Pas si mal pour quelqu’un qui s’est ingénié à poursuivre un mirage aux alouettes...
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roger w 15 février 2009
Eden à l’Ouest - La critique
Certes, le dernier Costa-Gavras comporte quelques scènes réussies, mais l’ensemble est bien trop caricatural pour pouvoir emporter le morceau. Tous lesclichés possibles et imaginables sont enfilés comme des perles dans ce très long parcours dénué du moindre intérêt. A fuir.
esdez 15 février 2009
Eden à l’Ouest - La critique
Pourquoi Costa Gavras s’est-il fourvoyé dans cet "inventaire à la Prévert" minable uniquement composé de pauvres clichés tellement utilisés qu’ils font pshitt...A part la bonne prestation de son acteur principal ( qu’il aime à détailler sous toutes les coutures ??)qui est effectivement craquant,il n’y a rien d’autre à retirer de cette bouillie fadasse. A fuir, même à la nage.
Frédéric Mignard 8 août 2009
Eden à l’Ouest - La critique
Ce Candide des temps modernes est truffé de bonnes idées, la première étant de se jouer des stéréotypes pour prodiguer humour et magie dans une oeuvre sur l’immigration au message forcément convenu. Las du mélodrame, Costa Gavras détourne les codes et impose par là un regard sans concession sur notre société. Original et surprenant.