Le 27 octobre 2018
- Genre : Cinéma
Loin de l’exposé massif, ce petit livre sautillant initie de manière claire à des considérations majeures sur le cinéma et l’audiovisuel.
Résumé : Cet ouvrage tente de réduire l’écart entre cinéphiles et professionnels du cinéma d’un côté ; cabinets d’experts et professeurs d’université de l’autre. Vulgariser l’économie du cinéma, faire comprendre les enjeux, expliquer d’où vient l’argent... c’est le rôle de ce livre, suivant la logique de l’alphabet. Celui-ci permet, comme dans un festival de cinéma, de passer d’une superproduction à un petit film d’auteur, ou d’un film bengali à un film d’animation.
Notre avis : Il y a déjà des livres sur l’économie du cinéma (Le cinéma exploité et La vingt-cinquième image de René Bonnell, Économie du cinéma de Laurent Créton)), ils ont chacun leurs mérites et témoignent d’un sérieux et d’une rigueur à toute épreuve ; Économie & cinéma est différent. Non pas qu’il soit fantaisiste, même si la plume est alerte et la lecture est aisée, mais l’interrogation que porte Patrice Vivancos (comment vulgariser ce thème ?) trouve une réponse dans la fragmentation (la forme d’abécédaire) et la mise en rapport de points rarement relevés, encore moins mis en lien. On pourra donc y picorer, selon ses envies et sa disponibilité, dans une lecture aléatoire : c’était d’ailleurs notre projet, mais la forme courte incite vite à enchaîner les articles et la curiosité l’a emporté.
La première surprise est la relative rareté des chiffres. Il y en a, évidemment, mais l’auteur s’éloigne bien souvent de la « pure » économie pour examiner l’état de l’audiovisuel aujourd’hui : l’article « Télévision », par exemple, vaut davantage par la définition des séries, le constat de l’écran omniprésent, que par la comparaison chiffrée du nombre de chaînes. D’autres, plus techniques, en contiennent, sans que cela alourdisse ou gêne le lecteur.
Car pour l’essentiel, l’essai se lit aisément parce qu’il pose des questions qui nous intéressent sur l’avenir du cinéma, la place des jeux vidéo, le rôle de Netflix, etc. Mais la lecture aisée n’empêche pas la complexité des domaines abordés, d’autant que le flou qui entoure nombre de sujets (la répartition des tâches entre les producteurs, les pertes occasionnées par le piratage, la définition du scénario, entre autres) obère encore notre compréhension. Le fonctionnement de l’industrie n’en apparaît que plus opaque, reposant sur des omertas mais aussi sur des équilibres fragiles. Ainsi la comparaison avec d’autres cinématographies (les USA, bien sûr, mais aussi le monde latino-américain, ou, plus surprenant mais tout aussi instructif, la Roumanie) fait-elle ressortir l’originalité du système français, public comme aucun, avec ses tares et ses absurdités (voir le problème du scénario).
Bref, même si l’on ne comprend rien à l’économie (et c’est notre cas), ce petit livre stimulant ouvre des champs de réflexion intéressants, propose des idées fécondes (l’obsolescence) sur un ton vif et enjoué. Avec, cerise sur le gâteau, quelques traits d’humour bienvenus (on adore : « comment ne pas aimer les rapports administratifs ? », phrase ironique suivie d’une démonstration éclatante) qui participent au charme de ces quelque 170 pages habilement troussées.
- Éditions de L’harmattan
Date de publication : 20 septembre 2018
Broché – Format : 13,5 x 21,5
178 pages
Éditions L’Harmattan
Galerie photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.