La mort en direct
Le 14 avril 2018
Ce poignant documentaire, présenté en séance spéciale à Cannes 2014, et objet d’un nouveau montage, est une véritable claque !
- Réalisateurs : Ossama Mohammed - Wiam Simav Bedirxan
- Genre : Documentaire, Film de guerre
- Nationalité : Français, Syrien
- Distributeur : Potemkine Distribution
- Durée : 1h43mn
- Box-office : 5.752 entrées France en première semaine / 3.601 entéres P.P en première semaine
- Titre original : Eau argentée, Syrie autoportrait / Ma'a al-Fidda
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 17 décembre 2014
- Plus d'informations : Site du distributeur
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Résumé : Un cinéaste en exil en France, des images publiées par des milliers de Syriens sur YouTube, la ville de Homs assiégée et filmée par une réalisatrice...
Critique : Le 9 mai 2011, soit deux mois après le début de la révolte en Syrie, le réalisateur Ossama Mohammed a quitté son pays pour participer à un débat sur le cinéma et la dictature, organisé par le Festival de Cannes. Il n’est toujours pas rentré en Syrie en cette fin d’année 2014 et s’est réfugié depuis trois ans à Paris où il filme des images fugitives étranges, tant réelles qu’abstraites, de l’arrêt d’un métro station Bastille au ruissellement de la pluie sur une vitre. Ossama Mohammed a trouvé sur YouTube plusieurs petites vidéos filmées dans l’urgence, souvent avec un téléphone mobile : manifestants criant des slogans hostiles à Bachar-al-Assad, soldats tirant sur la foule, policiers torturant un adolescent coupable d’avoir annoncé sur un mur la chute du dictateur, ou encore naissance d’un bébé à qui l’on coupe le cordon ombilical. Ce montage instable de cris, de bruits d’explosion, de scènes de panique et de moments plus sereins a été pour le réalisateur la première réponse judicieuse à la question qu’il se posait à Cannes : comment un peuple opprimé peut-il créer son propre film et proposer des images qui aient du sens, loin du sensationnalisme et de la banalisation relayées sans distance critique par les chaînes de télévision occidentales ? À Noël 2011, Ossama Mohammed a été contacté via les réseaux sociaux par une jeune femme kurde installée à Homs, haut lieu de la résistance, et assiégée par les forces du pouvoir. Simav est son prénom, soit « Eau Argentée ». « Pour ce régime, la caméra est une arme ». Bravant tous les risques, Simav s’est procurée une caméra numérique qu’elle dissimule sous ses vêtements et filme une ville en ruines, anéantie par les humiliations (stupéfiantes séquences). Elle se cache elle-même des oppresseurs mais subit aussi la réprobation de certains rebelles qui lui reprochent son apparence trop moderne et peu conforme à la tradition. Elle demande des conseils à Ossama.
- Copyright Paco Poch Cinema
L’exil du cinéaste, les fragments de vidéos d’Internet et le journal intime et filmique de Wiam Simav Bedirxam constituent donc les trois matières de ce documentaire bouleversant. Le montage a été remanié à plusieurs reprises, une version non définitive ayant été bouclée pour Cannes 2014. Celle sortie en salles le 17 décembre 2014 ajoute une sorte de long prologue, qui voit les retrouvailles des deux cinéastes devenus amis. Ce petit quart d’heure un brin longuet et larmoyant n’ajoute pas grand-chose à un film d’une grâce poétique et d’une force saisissante. Eau argentée fait écho dans l’histoire du cinéma a des réussites aussi mémorables que Allemagne année zéro ou Hiroshima mon amour, tout en proposant une expérience de cinéma inédite. L’œuvre finale, née d’un concours de circonstances et d’une motivation profonde des protagonistes, a été conçue en dehors des démarches d’auteur et des circuits de production traditionnels, bravant à la fois les contraintes financières et politiques, en détournant l’usage habituel des nouvelles technologies, le tout dans une démarche humaniste et artistique qui concilie rigueur, créativité et émotion. Et s’il ne fallait retenir que quelques extraits (hypothèse cruelle pour une œuvre aussi dense), on garderait en mémoire les déambulations du petit Omar à qui le film est dédié, les rires d’enfants devant la diffusion des Lumières de la ville de Chaplin, dans une école improvisée, ou la sublime chanson Havalo (« mon ami » en kurde), métaphore du déclic de ce déchirant objet filmique.
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