Le 9 février 2022
Séduisant sur le papier, cet opus d’Antony Hickling est son film le plus linéaire et accessible. Les acteurs sont attachants mais le récit n’échappe pas à une certaine banalité et l’on se met à regretter l’univers subversif et poétique de ses œuvres antérieures.
- Réalisateur : Antony Hickling
- Acteurs : Manuel Blanc, Jean-Christophe Bouvet, Dominique Frot, Raphaël Bouvet, Thomas Laroppe, Geoffrey Couët, Antony Hickling
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Optimale Distribution
- Durée : 1h42mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 2 mars 2022
- Festival : Festival Chéries-chéris
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Résumé : Richard, cinéaste d’une quarantaine d’années gagné par une crise d’angoisse inexpliquée, lâche son tournage en cours et se livre à une déambulation dans un Paris nocturne, à la recherche de réponses, de réconfort et d’inspiration. Au cours de cette nuit blanche, au hasard des rencontres, parfois chaleureuses, parfois inquiétantes, croisant figures étrangères, corps inconnus ou visages familiers, Richard va affronter ses peurs et questionner ses désirs profonds... jusqu’au petit matin.
Critique : Réalisateur et acteur vivant à Paris, d’origine britannique, Antony Hickling s’est voulu l’héritier d’un certain cinéma gay underground, dans la lignée de Derek Jarman ou Pasolini. Il est ainsi l’auteur de films confidentiels brisant la linéarité et au parfum de subversion, de Little Gay Boy à Frig, en passant par One Deep Breath, peut-être son meilleur long métrage. Ce poème visuel et incantatoire, qui narrait le cheminement mental d’un homme endeuillé, brillait par un subtil montage préférant la suggestion à l’explication, mêlant réalité et fantasmes, cérébralité et sensualité. Down in Paris, son dernier film, a notamment gagné le prix du meilleur long métrage de fiction au festival LGBTQ+ Reeling 2021 à Chicago. Coécrit avec Pierre Guilho, en collaboration avec Raphaël Bouvet (qui joue ici l’ex du protagoniste), il a été tourné lors du second confinement, ce qui rend une dimension assez saisissante aux séquences nocturnes. Mais le cinéaste semble ici assagi avec une histoire presque entièrement linéaire et au ton plutôt consensuel. Il déclare ainsi dans le dossier de presse : « J’ai abordé le récit de manière plus narrative que pour mes films précédents, avec une approche réaliste des situations, des dialogues et de la mise en scène. Mais je ne me suis pas interdit pour autant d’inclure des épisodes oniriques ou décalés. Je pense être arrivé à une étape de mon travail qui me permet de rassembler les différentes influences de mon univers artistique ».
- © 2022 Hickling & Allen Films. Photo Nicolas Deleplace. Tous droits réservés.
À cet égard, l’œuvre apparaîtra comme la plus accessible d’Antony Hickling. Il interprète lui-même Richard, réalisateur en proie au doute, et qui est semble-t-il son alter ego. Après avoir éprouvé un coup de fatigue sur un tournage, l’artiste se met à errer dans les rues de la capitale, échangeant avec plusieurs personnages, connus ou inconnus, d’une Anglaise esseulée croisée dans un bar à un automobiliste qui le renverse, en passant par un enfant cherchant des poissons au bord du canal Saint-Martin. La griffe d’Antony Hickling ne se retrouve véritablement que lors d’une scène semi-fantastique et onirique, à l’occasion d’un recueillement dans une église. Mais la « chute » de ce passage, d’un grotesque plus ou moins assumé, laisse un goût d’inachèvement. Les discussions entre anciens amants ou amis, trop explicatives et psychologiques, ne dépassent pas les conventions de maintes productions Optimale. Quant à l’avertissement sur « des scènes, des propos, ou des images pouvant heurter la sensibilité du spectateur », il ne concerne qu’un élément relevant désormais davantage du folklore que de la véritable subversion.
- © 2022 Hickling & Allen Films. Photo Nicolas Deleplace. Tous droits réservés.
On appréciera certes les références, explicites ou implicites, à certains classiques, comme Cléo de à 7 ou Hôtel de Nord. Mais on regrettera la banalité des situations et des dialogues, ainsi qu’une mise en scène assez fonctionnelle (le champ-contrechamp dans le bar). Dans un registre similaire, Théo et Hugo dans le même bateau de Ducastel/Martineau était bien plus abouti. Pourtant, on ne doute pas de la sincérité du réalisateur, dans son souhait de se tourner vers un cinéma de la maturité. Et reste le plaisir de retrouver des comédiens chevronnés, tels Jean-Christophe Bouvet en vieil homme pathétique, ou Dominique Frot en voyante bienveillante. Ils rejoignent une galerie de jeunes acteurs charismatiques qui complètent le casting et illuminent l’écran, comme Geoffrey Coüet, Claudius Pan, Thomas Laroppe, Jérémy Flaum et Mike Fédée. Et nous ne doutons pas qu’Antony Hickling est capable de revenir à un cinéma plus audacieux et authentiquement personnel.
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