Le 25 novembre 2015
Avec une intrigue simpliste et malgré tout surlignée, Docteur Frankenstein est sauvé par ses décors Steampunk bluffants.
- Réalisateur : Paul McGuigan
- Acteurs : Daniel Radcliffe, James McAvoy, Bronson Webb, Andrew Scott, Callum Turner
- Genre : Épouvante-horreur, Film de monstre
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 26 novembre 2016 21:00
- Chaîne : Canal +
- Titre original : Victor Frankenstein
- Date de sortie : 25 novembre 2015
– Année de production : 2015
Avec une intrigue simpliste et malgré tout surlignée, Docteur Frankenstein est sauvé par ses décors Steampunk bluffants.
L’argument : Le scientifique aux méthodes radicales Victor Frankenstein et son tout aussi brillant protégé Igor Strausman partagent une vision noble : celle d’aider l’humanité à travers leurs recherches innovantes sur l’immortalité. Mais les expériences de Victor vont trop loin, et son obsession engendre de terrifiantes conséquences. Seul Igor peut ramener son ami à la raison et le sauver de sa création monstrueuse.
- © Twentieth Century Fox France
Notre avis : « Vous connaissez cette histoire » nous dit Igor Strausman. C’est vrai. Un savant fou, une créature meurtrière. Ce que l’on ne connaît pas par contre, c’est Igor Strausman. Interprété par Daniel Radcliffe, ce personnage qui n’existe pas dans le roman original est un monstre de cirque traité comme un animal et recueillit par le docteur Frankenstein (James McAvoy) pour son intelligence. Habillé, lavé, soigné de son handicap, le docteur l’introduit au monde et l’embarque dans sa folle aventure scientifique. Dés lors le film va tenter de raconter une autre facette de la légende à travers cette relation complexe entre les deux hommes, le monstre se voyant relégué au second plan de l’histoire et en fin de compte restreint au dernier tiers du film pour quelques intenses minutes.
Pour raconter cette histoire, ce Docteur Frankenstein prend pour cadre le Londres de l’époque Victorienne. Choix payant, les décors constituent l’atout principal de cette version modernisée du mythe. Jouant sur les tons orangés pour retranscrire la lumière naturelle qui éclairait les lieux de l’époque, le soin porté à l’identité visuelle du laboratoire du docteur et au château de l’expérience finale (quatre mois de construction tout de même) constitue l’un des plus bel essai Steampunk de ces dernières années. Le héros classique de ce genre d’univers est souvent un mécanicien de génie et le Frankenstein de McAvoy s’en rapproche bien plus que d’un génie de la médecine pure. Avec ces mécanismes électriques en tout genre et rencontres horrifiques entre parties anatomiques et machineries complexes (cette excellente scène où Frankenstein fait vivre des yeux grâce à un système électrique), le rapport à ce sous-genre de science-fiction se révèle judicieux à plus d’un titre. Le sujet du film explorant en effet comment la technologie vient sans cesse défier nos acquis moraux, la veine Steampunk permet de représenter de façon abstraite une certaine fusion entre un passé et un futur scientifique et technique. Si le genre s’inspire plus de l’ère industrielle, le film se déroulant en 1860, c’est à dire à l’aube de cette dernière, cela permet à ces éléments visuels d’accentuer astucieusement le côté novateur des constructions du docteur Frankenstein, prévoyant déjà l’importance de l’électricité.
- © Twentieth Century Fox France
Figure emblématique de la littérature victorienne, Sherlock Holmes fût par ailleurs un personnage extrêmement employé par les écrivains Steampunk. Ce n’est donc pas un hasard de voir que cette version de Frankenstein est réalisée par un des officiers de la série à succès Sherlock. Cependant, c’est une autre série qui nous vient en tête au visionnage de Docteur Frankenstein et vient malheureusement éclairer les défauts de cette version dés lors que nous nous intéressons à ses personnages. Penny Dreadful avait en effet déjà ravivé avec brio le personnage de Frankenstein et sa créature, retranscrivant avec justesse la poésie du personnage, freak sensible au père aussi involontairement cruel qu’égoïste. Ici, c’est un homme passionné à l’excès, plongé dans une quête dont les motivations vont bien au delà du seul désir de célébrité scientifique. Il se montre égoïste puis altruiste, psychopathe puis de nouveau censé et raisonnable, le réalisateur ne semblant en effet pas réellement cerner son personnage. Les rapports avec son disciple sont souvent sur-expliqués, la dette que ce dernier porte au docteur étant tellement lourde qu’elle fait de lui son prisonnier, sa bête, sa création, c’est Igor Strausman la créature de Frankenstein. La présence du policier empreint de religion et donc farouchement opposé à ce projet qui va à l’encontre de « l’ordre des choses » est par ailleurs tout autant inutile à notre compréhension du sujet.
Le film offre tout de même quelques séquences surprenantes, n’hésitant par exemple pas à verser dans l’horreur assez graphique. Dommage donc que le réalisateur ne parvienne pas à rendre touchant ce personnage, alors même que sur le papier, certaines pistes semblent pertinentes, en particulier cette idée selon laquelle Frankenstein ne veut au fond pas créer la vie mais la rendre parfaite, concevant la mort comme une erreur que l’homme à pour charge de réparer. Docteur Frankenstein constitue au final un divertissement maladroit qui se voit sauvé par ses choix esthétiques.
- © Twentieth Century Fox France
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birulune 29 novembre 2017
Docteur Frankenstein avec Daniel Radcliffe - la critique du film
Je connais pas le steampunk. Film étrange et éthérique. La claustration dans le labo, Igor-Harry Potter qui cherche sa place, les nantis sont des déviants etc. Faire un film classique avec le duel savant fou/flic bigot ne suffisait pas alors on voit des scènes toujours accaparées par le duo tortueux du scientifique et de son elephant-man.
Mc Avoy est génial comme toujours.
Film de costumes comme il est coutume de dire.
Pourtant au classicisme des images extrêmement bien léchées on y appose un cachet underground gore et très graphique. On met pas en scène l’étude de l’anatomie mais plutôt le coté boucher des 2 comparses.
Dans un film a petit budget la sauce aurait mieux pris:trop d’images médicales, même si elles sont toutes bien utilisées dans le film et toujours justifiées il manque l’atmosphère de paria de la science, de génie fou glanant des bouts de cadavres un peu partout ( on voit jamais Mc Avoy se salir les mains dans les morgues ou ailleurs)
Ce docteur Frankenstein semble pas assez naïf dans sa quête, il est trop montré comme un dandy sociable et son excentricité désinvolte choque peu ou prou ( parler de FIV a cette époque c’est du génie prophétique mais il n’est jamais confronté aux scientifiques obtus qui l’entourent alors le spectateur est largué)