Le 28 mars 2021
Atteint de folie paranoïaque, un général américain décide de son propre chef de lancer une attaque contre L’URSS. Stanley Kubrick imagine la catastrophe nucléaire ultime et la réalise avec un cynisme cocasse.


- Réalisateur : Stanley Kubrick
- Acteurs : Peter Sellers, George C. Scott, Sterling Hayden, Keenan Wynn, James Earl Jones, Peter Bull, Slim Pickens, Tracy Reed
- Genre : Comédie, Film catastrophe, Noir et blanc
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Park Circus France
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 23 avril 2025 22:31
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 26 juin 2019
- Titre original : Dr Strangelove (or How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb)
- Date de sortie : 24 avril 1964

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Résumé : Sur une base militaire américaine, le colonel Mandake (Peter Sellers) découvre qu’une attaque nucléaire vient d’être lancée contre L’URSS. Ne comprenant pas ce qui peut justifier cette action, il se rend dans le bureau de son supérieur, le général Ripper (Sterling Hayden). Ce dernier lui confirme alors l’opération par des propos incohérents.
Critique : Ce film, adapté du roman Red Alert du Britannique Peter George, en 1958, devait d’abord être réalisé comme un film à suspense de facture classique. Abordant des sujets graves tels que l’Holocauste et le bombardement nucléaire, le cinéaste est parvenu à créer une comédie grinçante à l’humour noir radical.
Mais pour comprendre l’intérêt du long métrage, il est nécessaire de le replacer dans son époque. En effet, à l’issue de la guerre froide, la menace nucléaire était omniprésente dans les pays occidentaux. De plus, la production s’est déroulée alors que John Fitzgerald Kennedy, président des États-Unis, venait d’être assassiné en pleine rue.
Cette fiction représente ce qu’était le monde en 1964, à partir d’un gouvernement dirigé uniquement par des hommes. Ainsi, la seule femme apparaissant à l’écran est la secrétaire et maîtresse (Tracy Reed) du général Turgidson (George C. Scott), que l’on découvre pour sa première apparition en maillot de bain sous une lampe à bronzer.
Certains personnages masculins sont froids et détachés, notamment le président des États-Unis et le colonel de la base militaire, tous deux interprétés par Peter Sellers. D’autres, comme le général Ripper, sont au contraire totalement givrés et puérils. Persuadé que les Russes ont empoisonné l’eau potable des USA, c’est ce dernier qui déclenche l’attaque contre l’URSS. Turgidson, le général travaillant à l’état-major, est quant à lui capable de croire et d’amplifier toute information pouvant nuire à l’ennemi communiste, aussi farfelue qu’elle puisse être. Enfin, le pilote du bombardier, le commandant T.J. King (Slim Pickens), se montrera cocardier et pérorera de sa voix d’enfant jusqu’au bout du film. Mais il ne faut pas oublier le docteur Folamour, également incarné par Peter Sellers. Médecin allemand et ancien nazi, il rêve d’un nouvel holocauste post-nucléaire, qui lui permettra de s’adonner à nouveau à des expériences médicales.
Mêler cette collection de personnages grotesques et inquiétants à un récit de catastrophe nucléaire, était un risque de rendre le film ridicule. Au contraire, Stanley Kubrick réussit la prouesse de réaliser une œuvre extrêmement maîtrisée et équilibrée, au cynisme excellent.
Les acteurs, au diapason du cinéaste, sont tout à fait exceptionnels.
Peter Sellers reprend et amplifie le principe du rôle multiples que Stanley Kubrick lui avait fait expérimenter dans Lolita (1962). Il alterne facilement entre le militaire naïf, le flegmatique et pincé président des États-Unis, pour finir en un médecin sadique. Sterling Hayden incarne quant à lui un militaire fou et halluciné, fumeur de cigare en barreaux de chaise. Enfin, George C. Scott interprète un général d’état-major puéril, aux mimiques exacerbées.
En 2000, l’American Film Institut a classé ce long métrage comme troisième meilleur film humoristique américain, derrière Certains l’aiment chaud de Billy Wilder (Some Like It Hot 1959) et Tootsie de Sydney Pollack (1982).