Le 4 juin 2024
Un film coup de poing pour décrypter sans répit ni manichéisme les différentes states de l’esclavagisme moderne.
- Réalisateur : Pier Philippe Chevigny
- Acteurs : Marc-André Grondin, Micheline Bernard, Ariane Castellanos, Nelson Coronado, Ève Duranceau
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : Les Alchimistes
- Durée : 1h29mn
- Titre original : Richelieu
- Date de sortie : 5 juin 2024
- Festival : Rencontres cinématographiques de Cannes, Festival International du film politique de Carcassonne 2024, Rencontres cinématographiques Cannes 2023, Festival Film Quimper 2024, Cinémania Barbézieux 2024, Festival Premier Film Anonnay 2024, Festival International Film Saint Jean de Luz 2024
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Résumé : À Richelieu, ville industrielle du Québec, Ariane est embauchée dans une usine en tant que traductrice. Elle se rend rapidement compte des conditions de travail déplorables imposées aux ouvriers guatémaltèques. Tiraillée, elle entreprend à ses risques et périls une résistance quotidienne pour lutter contre l’exploitation dont ils sont victimes.
Critique : Le réalisateur Pier-Philippe Chevigny s’est surtout fait connaître à travers ses nombreux courts-métrages, souvent récompensés lors de festivals. C’est d’ailleurs en faisant des recherches pour Tala, un court-métrage consacré aux aides ménagères philippines employées par la bourgeoisie québecoise, qu’il découvre l’existence de la communauté des ouvriers guatémaltèques. Cette main-d’œuvre étrangère corvéable à merci, soumise à des accords passés entre le gouvernement canadien et des pays du Tiers-monde pour pallier au manque de bras dans les champs ou les usines de transformation alimentaire, sera le cœur battant de son premier long-métrage, un film politique et social au réalisme édifiant, qui aurait pu se dérouler dans n’importe quelle autre contrée du monde occidental. C’était déjà le cas dans Rouge de Farid Bentoumi, qui mettait Zita Hanrot, tiraillée entre la protection de son père et la dénonciation de malversations, dans une situation impossible. Il en était de même avec les pratiques judiciaires et policières douteuses dans La syndicaliste de Jean-Paul Salomé, ces deux films ayant révélé que notre pays n’était pas exempt de dérives économiques et sociales.
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À la frontière du documentaire, le récit nous plonge sans ménagement au cœur d’une déshumanisation implacable consécutive aux excès du capitalisme. Pour satisfaire les exigences de rentabilité d’une multinationale basée à l’étranger (en France en l’occurrence), le gérant (Marc-André Grondin) d’une usine québecoise n’a d’autre choix que d’exiger toujours plus de ses ouvriers pour des salaires toujours plus réduits, quitte à faire fi de la sécurité et de la dignité. La force de conviction se concentre autour du personnage d’Ariane (Ariane Castellanos). En proie à une situation financière instable, elle accepte ce poste de traductrice dans cette entreprise dirigée par un homme qu’elle pense bien connaître, puisqu’il s’agit d’un de ses anciens camarades de classe. Si au début elle accepte de se plier à ses ordres, elle finit par ne plus pouvoir rester aveugle aux mauvais traitements infligés aux travailleurs expatriés et à la somme d’injustices qui leur sont faites, au risque de perdre son emploi.
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Une mise en scène anxiogène où chacun est prisonnier d’un engrenage dont il ne peut s’extraire décrit au plus près les états d’âme de personnages tout à la fois victimes et bourreaux. La finalité étant de dénoncer un système assassin tant physiquement que mentalement plutôt que de vilipender des êtres que le scénario s’attache à ne jamais envoyer dans l’écueil du manichéisme. La caméra, toujours en mouvements, scrute dans les moindres détails les expressions de la comédienne principale, dont l’interprétation généreuse atténue l’horreur de la situation et crée une empathie instantanée, tandis que Marc-André Grondin campe avec panache un patron antipathique mais sous pression, que l’on ne parvient cependant pas totalement à détester.
Primée dans de multiples festivals français et internationaux, cette œuvre militante, inspirée de faits réels, ouvre une authentique réflexion sur le sens que nous souhaitons donner à nos sociétés occidentales.
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