Devil’s fire

Pesant et besogneux. Décidement le blues n’est pas à la fête...

L’argument : Charles Burnett explore son propre passé. Enfant, il a vécu entre Los Angeles et le Mississippi et a découvert le blues, adoré de sa mère et déclaré "musique du diable" par sa grand-mère.

Notre avis : L’idée avait pourtant de quoi promettre un résultat final assez émouvant. En effet, Charles Burnett, réalisateur de La rage au cœur, s’inspire de ce qu’il a vécu, adolescent, pour mettre en scène une docufiction aux confessions très intimes. Son ambition est de refléter le conflit entre le gospel et le blues et de mettre en parallèle la rigidité de son éducation religieuse et les tentations épicuriennes du blues. Ambition honorable qui a au moins le mérite de l’originalité...
Hélas, malgré toutes les bonnes intentions et une certaine bienveillance, cet épisode pesant réussit l’exploit d’être encore moins intéressant que Du Mali au Mississipi, le précédent opus de la série réalisé par Scorsese. Ceux qui aiment le blues feraient mieux d’écouter un bon CD ou d’attendre le prochain docu de Mike Figgis. Les profanes, eux, doivent s’abstenir. A travers ce parcours édifiant d’un gamin qui séjourne chez son oncle et en apprend beaucoup (cheminement initiatique mis en scène sans souffle ni inspiration), on assiste à une leçon pédago naïve à grand renfort d’images d’archives certes passionnantes (Carmen Twillie et Billie Holiday, entre autres) mais affadies par une historiette irritante. La prétendue fiction, inutilement étirée et artificielle, s’abîme dans des considérations besogneuses et installe le spectateur dans une torpeur sourde et désagréable. Un opus uniformément faiblard que rien ne sauve du naufrage. Passons.