Deux en un

Humour grinçant et tendresse conjugués pour un sujet qui aurait pu faire craindre le pire.

L’argument : En 32 ans, Bob et Walt Tenor ne se sont jamais quittés. Et pour cause, ils sont siamois. Ils assument parfaitement cette particularité physique qui les a hissés au rang de gloire dans leur Nouvelle-Angleterre natale : champions de hockey et de foot américain, cuisiniers hors pair... Mais Walt rêve de faire du cinéma et réussit à convaincre Bob de partir à l’assaut d’Hollywood. Après une première expérience dans un film porno, Walt se fait engager par Cher dont l’intention est de saboter la série dont elle est la vedette. A la surprise générale, le show est un succès.

Notre avis : On a pu reprocher aux frères Farrelly leur humour graveleux, leur mauvais goût, leurs blagues potaches de collégiens, alors les imaginer aborder un sujet aussi délicat que le handicap avait de quoi nous faire craindre le pire. Mais on peut également voir dans leurs précédents films la marque d’un nouveau style comique, savant mélange de burlesque, de gags, d’émotions et de dérision. Leur nouvelle comédie grinçante confirme plutôt cette tendance.
Naturellement, on retrouve dans Deux en un, la "Farelly touch", empreinte d’innovations et d’expériences cinématographiques en tout genre. Liés par la hanche, Bob et Walt se permettent toutes les extravagances et multiplient les sketches hilarants : scènes de combats, scènes d’amour, vie quotidienne sont autant de prétextes à des effets comiques très visuels (il est vrai que l’humour Farrelly n’est pas celui des mots). Mais ce qui surprend avant tout, c’est que le film ne sombre jamais dans la facilité de l’humour outrageant, voire méchant, un piège difficile à éviter compte tenu du sujet.
En définitive, pour contourner l’intolérance et la malveillance, il suffit d’y opposer la tendresse et la chaleur humaine. A cet égard d’ailleurs, le monde étriqué du cinéma hollywoodien, si hypocrite et sectaire, en prend pour son grade (une mention spéciale à Cher qui n’hésite pas à donner une version féroce et acerbe de sa personnalité). Deux en un est loin d’être une succession de gags ininterrompus, il se révèle surtout une surprenante leçon sur la persévérance et la difficulté à vaincre les préjugés.