Amis pour la vie ?
Le 15 janvier 2011
Cet excellent documentaire, intensément romanesque, parvient a faire revivre l’histoire de la Nouvelle Vague à travers le récit d’une amitié mouvementée.
- Réalisateurs : Antoine de Baecque - Emmanuel Laurent
- Acteur : Isild Le Besco
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 12 janvier 2011
- Plus d'informations : http://www.filmsduparadoxe.com/deux...
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– Durée : 1h30mn
Cet excellent documentaire, intensément romanesque, parvient a faire revivre l’histoire de la Nouvelle Vague à travers le récit d’une amitié mouvementée.
L’argument : Deux de la vague est l’histoire d’une amitié. Jean-Luc Godard est né en 1930, François Truffaut deux ans plus tard, et ils se rencontrent par amour du cinéma. Ils écrivent dans les mêmes revues, Les Cahiers du cinéma et Arts. Quand le cadet devient cinéaste, avec Les Quatre Cents Coups, qui triomphent à Cannes en 1959, il aide son aîné à passer à la réalisation, lui offrant son scénario déjà intitulé A bout de souffle. Tout au long des années 1960, ils se serrent les coudes. C’est l’histoire et la politique qui les séparent, en 68 et après, quand Godard s’engage dans la révolution et Truffaut continue comme avant. Entre eux, Jean-Pierre Léaud est comme un enfant déchiré. Cette amitié et cette rupture forment un roman incarné du cinéma français.
En revisitant les archives et les films des deux cinéastes, en feuilletant la presse contemporaine, Deux de la Vague fait revivre une prodigieuse décade dont l’influence allait irriguer le monde entier.
Notre avis : Le titre du documentaire d’Antoine de Baecque et Emmanuel Laurent laisse bien entendre que la Nouvelle Vague ne saurait se résumer aux seuls noms de Truffaut et Godard. Mais le triomphe des 400 coups au Festival de Cannes de 1959, puis le choc d’A bout de souffle quelques mois plus tard, furent bien les deux événements majeurs qui bouleversèrent un paysage cinématographique national qui n’attendait que ça.
Le choix de raconter la Nouvelle Vague à travers ces deux protagonistes du mouvement s’imposait avec d’autant plus d’évidence qu’eux-mêmes s’en sont souvent faits les porte-parole et que l’histoire de leur amitié mouvementée fournissait une matière romanesque de premier choix.
Antoine de Baecque, qui est devenu critique aux Cahiers du Cinéma après avoir envoyé à la revue un texte écrit sous le choc causé par la mort de Truffaut, est l’auteur de La Nouvelle Vague - Portrait d’une jeunesse (1998) et de biographies de référence des deux cinéastes (2001 et 2010). Il était certainement la personne la mieux indiquée pour traiter ce sujet en collaboration avec Emmanuel Laurent, réalisateur de films sur l’art et les sciences, mais aussi romancier, dont l’adolescence fut marquée par ces films qui, dit-il, parlaient ma langue, et j’avais l’impression que c’était la première fois au cinéma.
C’est par l’évocation des deux films fondateurs, Les 400 coups et A bout de souffle, que débute Deux de la Vague : actualités et interviews d’époque, coupures de presse, et bien sûr, extraits des films. L’impact immédiat de ceux-ci reste tellement fort, cinquante ans après, qu’on n’a aucun mal a mesurer le choc qu’ils ont pu provoquer chez les spectateurs de 1959-60.
Le même impact se dégage des extraits de Jules et Jim, du Petit soldat, de femme mariée ou du Mépris. Toute exégèse est superflue : la jeunesse et la modernité du cinéma sont toujours là.
Ne recourant, par ailleurs, qu’aux images d’archives, aux documents écrits (lettres, articles) et aux commentaires du narrateur (De Baecque), le film remonte ensuite à la rencontre de Godard et de Truffaut en 1950 pour dérouler le fil de leurs histoires parallèles et souvent imbriquées : émulation réciproque, collaboration, soutien, rivalité, jalousie.
De l’aventure cinéphile et critique (à Arts et aux Cahiers du Cinéma) en passant par les premiers courts métrages (dont Histoires d’eau tourné par l’un et monté par l’autre), l’affaire Langlois, le festival de Cannes interrompu de 1968, jusqu’au rejet violent de La nuit américaine par Godard qui précipita la rupture en 1973, le film dessine le portrait croisé de deux personnalités que tout oppose : le bourgeois cultivé et le prolétaire autodidacte, l’artiste qui se veut conscience de son époque et l’artisan soucieux avant tout de bien faire son travail.
Godard ayant toujours fait son possible pour se rendre odieux, la sympathie des auteurs, et du spectateur, penche de toute évidence du côté de Truffaut. Mais le film profite de la tension que créent ces mouvements d’attirance et de rejet sans prendre parti. Et c’est finalement la figure de Jean-Pierre Léaud, alter-égo de Truffaut mais qui s’est émancipé de son père en cinéma pour tourner chez Godard (et d’autres) qui ressort le mieux de l’ensemble. D’ailleurs le film s’achève, après le générique de fin, sur le fameux test réalisé au moment du casting des 400 coups. L’effet est tellement imparable qu’on en veut presque aux auteurs de nous piéger à l’émotion de cette manière.
C’est le petit reproche qu’on peut faire au film d’Antoine de Baecque et Emmanuel Laurent : il maîtrise tellement bien son sujet et ses effets qu’il ne laisse au spectateur que peu de marge d’interprétation ou de respiration. C’est néanmoins à un passionnant moment d’histoire et de cinéma que nous convie Deux de la Vague.
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