Le 15 août 2022
Un premier film prometteur, qui convoque les figures de Ionesco, Beckett et Sergio Leone, dans un décor désertique idoine.


- Réalisateur : Vincent Morvan
- Acteurs : Mikaël Alhawi, Céline Martin-Sisteron, Aurélia Ciattoni, Katia Ghanty, Jérôme Sau
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Matsylie Productions
- Durée : 1h14min
- Date de sortie : 17 août 2022
Résumé : Le désert ne tolère aucune présence. La nature s’acharne contre ceux qui osent s’y aventurer. Les rayons du soleil brûlent jusqu’à la chair. Garder son sens de l’orientation devient impossible. Aucune gorgée d’eau ne satisfait la sècheresse qui envahit la gorge. Mais surtout, le plus difficile, c’est de pousser un fauteuil roulant. Diane est dans le désert. Diane pousse Fred, ce mec un peu lourd avec qui elle a eu deux dates avant qu’il lui fasse un AVC. Déjà̀ que pour une petite Parisienne sophistiquée comme Diane, ça ne collait pas avec Fred, maintenant, elle se retrouve à devoir le changer quand il se pisse dessus. Elle n’en peut plus. Diane ne veut pas être une ordure, elle aimerait être plus altruiste, comme ses collègues du Festival de la Tolérance. Mais c’est plus fort qu’elle, la question qui l’obsède depuis deux mois, c’est : comment se débarrasser de cet handicapé ? Alors Diane profite que Fred a de la famille lointaine qui vit dans le désert pas loin du Festival. Elle l’emmène en visite, mais elle espère que sa famille le gardera et qu’elle en sera débarrassée. Enfin ! Seulement leur voiture les a lâchés, leur eau est limitée, et le désert est encore long. Sans parler des individus dangereux qu’on y croise. S’ils veulent s’en sortir, ils vont devoir marcher vite. Enfin surtout Diane...
- Copyright Matsylie Productions
Critique : Au-delà de son argument provocant -une femme tente d’éliminer son compagnon en situation de handicap- Désertitude évoque dans un premier temps le théâtre de l’absurde. Le scénario complètement oxymorique que le long métrage propose est celui d’un huis clos en plein air, où deux personnages cherchent autant à meubler un vide existentiel qu’à assurer leur propre subsistance physique, d’où cette impression de voir comme une nouvel version d’En attendant Godot à ciel ouvert. Car Diane et Fred ne semblent là que pour attendre un événement qui ne se produira jamais, devenant peu à peu des créatures métaphysiques qu’une nature aride engourdit. Dans cette configuration, où, contrairement aux apparences, rien ne paraît les épuiser, pas même leurs ressentiments, s’immisce l’ombre du fantastique, sans doute parce que le long métrage est comme un carrefour qui laisse à chaque spectateur le soin d’hésiter entre plusieurs directions. Or, le scénario en choisit une, pour infléchir la tonalité de son propos et animer, par adjonction de personnages, un théâtre de la cruauté qu’on devinait dès les premières images.
- Copyright Matsylie Productions
Beckett et Ionesco n’abandonnent pas complètement la scène, mais Désertitude redécouvre, au sein d’un décor idoine, les vertus du western cynique à la Sergio Leone : chaque personnage s’y affronte pour sauver sa peau, quitte à renier son identité de surface. Dans ce jeu de massacre, personne n’est épargné et l’on regarde, avec un plaisir parfois jubilatoire, tous ces protagonistes démentis par la réalité des faits.
Si ce premier film souffre de quelques longueurs, surtout dans sa première partie, il démontre aussi des qualités indéniables de mise en scène et bénéficie d’une interprétation soignée. Dans le rôle de Diane, Céline Martin-Sisteron est particulièrement convaincante.
Pivoine 23 août 2022
Désertitude - Vincent Morvan - critique
Waouh que dire de plus après la critique de Mr Gallet ? Nous avons passé un très bon moment devant ce film qui montre le côté le plus obscur de l’homme. Merci pour ces images, bruitages, et cette musique. Huis clos dans ce désert original !! Je recommande vivement ce film qui réserve beaucoup de surprises.