Descender T.4 - La chronique BD

Peu à peu, les pièces du puzzle s’assemblent. On en sait désormais un peu plus sur la jeunesse du capitaine Telsa et d’Andy Tavers. Tim-21 est toujours aux mains du chef de la Résistance Robotique. Le Dr Quon quant à lui semble avoir son lot de secrets à révéler.

Jeff Lemire fait partie des plus grands auteurs de BD de ces dix dernières années. Il possède le don d’alterner à un rythme effréné les romans graphiques très personnels (Essex County, Monsieur personne, Winter road) et les comics de super-héros DC et Marvel (Justice league, Batman saga, All new X-men). Il passe avec génie de la solitude des grands espaces glacés d’Ontario où il a grandi, aux personnages en collants et à capes d’univers de comics déjà sillonnés par tant d’autres avant lui.
A la croisée de ces deux démarches, Descender rentre dans la catégorie des projets personnels mais pour lesquels il a confié le dessin à un autre. Son trait si particulier s’accorde en effet assez mal aux décorums grandioses de space opera.

C’est donc Dustin Nguyen qui est au pinceau de cette aventure aux nombreuses références. On retrouve bien évidemment des emprunts à Asimov et Philip K. Dick, mais aussi à Star wars pour son bestiaire démentiel. Le récit soulève d’innombrables thématiques de pure SF, terreau d’une réflexion passionnante sur un possible avenir. Le personnage de Tim-21, robot-enfant de compagnie à la recherche de sa raison d’être, est un hommage appuyé au AI : Intelligence Artificielle de Steven Spielberg. Dans cet univers futuriste, l’homme coexiste avec de nombreuses races extraterrestres au sein d’un conglomérat inter-planétaire et lourdement militarisé nommé le CGU. Le contexte géopolitique est formidablement dépeint et on fait vite le parallèle avec l’Amérique d’aujourd’hui. Suite à une soudaine attaque des mystérieux Moissonneurs, le monde vit dans la peur de leur retour et transfère sa haine au genre robotique tout entier. La référence formulée par l’auteur canadien au 11/09 est sibylline et la traque meurtrière de tous les robots sans distinction, l’est autant pour la guerre en Irak. L’ironie de l’histoire veut que les origines de l’attaque soient à chercher dans le passé du CGU.

A cet égard, peu de révélations à attendre de ce quatrième tome qui semble être avant tout un volume de transition. Beaucoup moins riche que les précédents, il se concentre sur l’action et fait avancer en parallèle le récit en différents lieux. On constate beaucoup de mise en place mais peu d’évolutions dramaturgiques. Les réunions de crise de l’état major du CGU sont répétitives et on peine à retrouver l’émerveillement qui a fait de cette série une telle claque pour les amateurs de science-fiction. Le rythme est débridé et on reste heureusement accroché. Le faible niveau de détails des dessins participe à la relative déception de ce tome. Alors que chaque planche des premiers tomes était riche en couleurs et dingue d’inventivité, on retrouve ici une succession de cases aux arrières-plans neutres. L’ensemble est un peu paresseux et certains passages même bâclés. Le rythme de sortie très rapproché entre les tomes y est probablement pour beaucoup. Pour autant, l’album se laisse lire sans difficulté grâce à la richesse de l’univers développé et à l’attachement aux personnages que l’auteur a réussi à susciter. La suite se fait d’autant plus attendre...