Le 20 juin 2007
Les studios exploitent les filons jusqu’à la corde et le public suit - comme des moutons ! En cette semaine de sortie de Ocean’s thirteen, quatrième suite à triompher en moins de deux mois, il est légitime de s’inquiéter du phénomène.
Les studios exploitent les filons jusqu’à la corde et le public suit - comme des moutons ! Entre facilité et aveuglement, difficile de savoir si à Hollywood l’on façonne les esprits ou si l’on se plie aux goûts peu hasardeux des masses. Mais en cette semaine de sortie de Ocean’s thirteen, quatrième suite à triompher en moins de deux mois, il est légitime de s’inquiéter du phénomène.
Des centaines de restaurants en ville, et pourtant je retourne toujours à mes bonnes vieilles habitudes de Parisien, aux quelques établissements goûtés, adjugés et validés. Je me délecte des mêmes plats que je sais délicieux, alors que peut-être mieux m’attend ailleurs, voire sur cette même carte, mais la peur de l’onéreuse déception guette. Je ne vous parle même pas des destinations de vacances où l’amour du risque ne se résume souvent qu’à un titre de vieille série des années 80 !
Cette dynamique de la répétition par le manque d’audace explique souvent les habitudes cinématographiques des spectateurs qui acceptent sans rechigner de regoûter aux mêmes mets, correspondant à des formules peu coûteuses à base de plats à l’odeur terriblement séduisante, mais finalement rances. La peur de l’inconnu fait rage. Pourquoi tenter la nouveauté quand les studios, fins connaisseurs en goûts du public, nous resservent inlassablement leurs spécialités maison, faisant des vieilles idées des hits implacables. Ces succès s’avèrent être d’autant plus conséquents que le triomphe de l’entrée a été conforté par des ventes juteuses en DVD et à une exploitation gracieuse sur les chaînes télé. Bref, à Hollywood les nababs ont de la suite dans les idées et des chiffres plein les suites et, pour faire bonne impression, ils ravalent les façades, tout en investissant un peu plus - plus de budget, d’action, de stars et de pub pour toujours plus de spectateurs dans les mailles du filet.
Ainsi entre mai et juin, les écrans les plus prestigieux de la planète ont accueilli successivement un Spider-man 3 dispensable, un Pirate des Caraïbes 3 de facture bien classique, un Shrek 3 lamentable et un Ocean’s thirteen qui n’a rien de plus à offrir qu’un casting revu à la hausse. Tous des cartons. Mais bon, une suite, ça va, mais quatre, coup sur coup, qui caracolent insolemment chacune à leur tour au sommet des classements, concentrant à chaque fois 60 à 80% du box-office mondial hebdomadaire, on est en droit de s’inquiéter de cette hégémonie impérialiste. Si le chiffre 3 porte bonheur à ces mastodontes, il ne reste plus que les miettes pour la concurrence forcément sacrifiée sur l’autel de l’argent facile. Plus grave, outre la concentration des pouvoirs et des recettes, il s’agit là de l’avènement de la pensée unique et l’apogée de la communication qui nivelle par le bas une population visiblement influençable. Vive la diversité !
Dans ce contexte culturel indigent, le restaurant prend alors des allures de fast-food et les plats du chef ont l’arrogance des nouveaux riches : l’adhésion exponentielle du grand public n’en fera pas pour autant des chefs-d’œuvre - à quelques très rares exceptions, mais pour cela attendons le cinquième volet d’Harry Potter dont nous vous proposerons la critique le 4 juillet. Si ça cela ne s’appelle pas de la publicité déguisée. Honte à nous !
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