Dérapage - la critique

Une fiction sans intérêt et un portrait peu reluisant de la middle class américaine

L’argument : Lucinda Harris et Charles Schine sont tous deux mariés lorsqu’ils se rencontrent dans le train qui les mène à leur lieu de travail. L’attirance entre les deux personnages est immédiate et les pousse à s’engager dans une relation que vient perturber un ignoble maître-chanteur du nom de Laroche.

Notre avis : Seule une passion inconditionnelle pour l’un des trois acteurs à l’affiche de Dérapage pourrait justifier un quelconque intérêt pour ce film. Encore que l’argument ne tienne pas quand il s’agit de Jennifer Aniston (Lucinda Harris) qu’on espère, en vain, voir dans un grand rôle. Les premières images font pourtant illusion... jusqu’à l’arrivée impromptue de Laroche (Vincent Cassel). Elle sonne aussi bien le glas de l’histoire d’amour entre elle et Charles Schine (Clive Owen) que de l’intérêt de son personnage. Et par-dessus tout celui du film.
L’intrigue de ce thriller domestique, si elle réserve quelques surprises, ne cesse pourtant au fur et à mesure que les minutes s’égrènent de perdre en crédibilité. Le ressort - un homme ordinaire confronté à une situation inattendue - sur lequel les producteurs du film ont essayé de jouer se casse très vite. Le scénario, tiré du best-seller Derailed de James Siegel [1], est truffé de raccourcis et d’invraisemblances qui font de cette adaptation une succession de scènes sans véritable fil conducteur. Résultat : on attend que ça se passe. Tout en s’offusquant des nombreux clichés qui sont véhiculés dans cette œuvre et du conservatisme sans bornes de la middle class américaine. La famille Schine - parents dévoués corps et âme à leur enfant malade - est la métaphore d’une Amérique qui continue de vivre dans le mythe du méchant Français. Celui qui a osé refuser de faire la guerre après le 11 septembre.
Saluons au passage l’anglais impeccable de Cassel dans lequel on n’a pourtant pas pu s’empêcher de glisser quelques mots inutiles de français. De même, pour ces Américains-là, "noir" équivaut à "racaille" et la vie d’un Noir vaut bien peu de chose. Tout ceci, rappelons-le car c’est le message principal de cette fiction, pour nous dire que l’adultère est un péché et que ceux qui y cèdent s’exposent au pire. Que de pellicule gâchée pour une leçon de morale qui avait été déjà bien assénée, il y a vingt ans, par Liaison fatale. Un genre bancal, un message par trop moralisateur, un scénario médiocre et plein de clichés font de Dérapage, le bien nommé, un film absolument dénué d’intérêt. L’abstention constitue dés lors l’unique option qui s’impose.