Le 23 juillet 2020
L’éveil sexuel et spirituel d’un adolescent, perdu entre son homosexualité refoulé et le divorce tumultueux de ses parents. Un moment de cinéma intense et sensoriel, à l’atmosphère addictive.
- Réalisateur : Andrew Steggall
- Acteurs : Phénix Brossard, Patrice Juiff, Juliet Stevenson, Alex Lawther, Finbar Lynch
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Britannique, Français
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 1h50mn
- VOD : Universciné, MyCanalVOD, OrangeVOD
- Date de sortie : 31 mai 2017
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Résumé : Béatrice et son fils passent une semaine dans une maison de vacances, dans un coin isolé du sud de la France. Le jeune Elliot fait la connaissance de Clément, un adolescent mystérieux, qui poussera peu à peu Elliot et sa mère à affronter leurs désirs. Pour chacun, c’est un changement profond qui se profile…
Critique : Tout commence sous l’eau, cet espace insondable de l’âme humaine, voué à garder notre inconscient spectral sous bonne garde. L’on a parfois le plaisir de s’y mouvoir et d’y rester, afin de répertorier nos péchés et tenter de remonter à la surface, plus combatif, et ainsi atteindre la sublimation. Cette métaphore de l’élément aquatique comme refuge du subconscient, exposant littéralement le principe de la partie cachée de l’iceberg, comme on pourrait l’affirmer dans le jargon universel, expose à merveille le refoulement absolu que le jeune adolescent dénommé Elliot, interprété par Alex Lawther, s’évertue à prolonger, ne soupçonnant pas l’implosion de son univers factice et illusoire.
Dépassant le moule exigu de l’artiste bohème, en connexion avec la nature, Elliott, réunit à peu de choses près toutes les caractéristiques inhérentes à l’ermite moderne. Andrew Steggal, scénariste et réalisateur du film, manie son personnage masculin avec une grande pureté, l’incluant sans cesse dans le cadre, comme s’il observait le monde qui l’entoure avec un regard à la fois critique et introspectif, amenant des séquences d’une grande intelligence d’écriture, uniquement dédiées au développement psychologique du protagoniste. Stegall, conscient de la dimension poétique de son sujet, emmène ses personnages aux limites de la folie douce, en laissant la part belle à la prestation des comédiens, en particulier le jeune acteur britannique Alex Lawther, qui oscille sans cesse entre la passion abolie et le non-dit exacerbé, avec une fluidité qui laisse pantois, d’autant plus qu’il arrive sans grandes difficultés à parler le français avec un excellent accent. D’autre part, le cinéaste déploie son intrigue telle une déflagration à la fois physique et émotionnelle, semblable à l’expérience unique qu’Elliot va vivre, au cours de cet été caniculaire. Une saison délicieusement ardente, où le spectateur fait corps avec le personnage, découvrant avec lui son propre rapport à la sexualité, la manière dont on peut l’appréhender, mais aussi l’assimiler, la façon dont elle peut nous affecter, mais aussi lui résister, dont elle peut aussi, réveiller ses plaies et convoquer sa sensibilité.
Intensément spirituel, Departure étonne, d’autant plus qu’il s’agit du premier long métrage de son auteur. Bien qu’il puisse laisser derrière lui une étrange sensation d’amertume, le long métrage arrive à trouver, dès ses premiers instants, son propre style et sa propre identité cinématographique. Andrew Steggal parvient à nous faire ressentir toute la palette d’émotions inhérente à l’adolescence, comme la mélancolie, le doute, la honte, l’euphorie, le spleen, la compassion ou bien les sentiments d’injustice ou de trahison, avec une érudition, un phrasé et une mythologie extrêmement personnels. L’histoire évoque une difficile transition vers l’âge adulte, avec tout ce que cela implique pour le jeune Elliot, tandis que le récit dissèque lentement mais sûrement, à la manière d’une radiographie affective. Ce moment de méditation sophrologique donne une ingrate envie de quitter sa torpeur, déterrer le mauvais ange de son for intérieur et prodiguer la bonne parole : la nôtre.
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