Gameodrome
Le 17 avril 2015
Un polar high tech sur fond de consortium international et d’industrie pornographique. Original et troublant.
- Réalisateur : Olivier Assayas
- Acteurs : Connie Nielsen, Charles Berling, Chloë Sevigny, Gina Gershon, Dominique Reymond
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 2h10mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 6 novembre 2002
- Festival : Festival de Cannes 2002
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Résumé : À l’aube de la trentaine, Diane De Monx travaille pour une multinationale, le groupe d’Henri-Pierre Volf, qui a racheté TokyoAnime, une société japonaise produisant des hentaï, mangas pornographiques en 3D. Deux firmes, Mangatronics et Demonlover, s’affrontent pour avoir l’exclusivité de ces nouvelles images, fort lucratives, sur Internet. Mangatronics recrute alors Diane pour torpiller de l’intérieur les intérêts de Demonlover, qui a infiltré ses propres espions. Menacée, celle-ci n’a plus qu’à basculer dans la cyber-réalité.
Critique : Avec Demonlover, Olivier Assayas prend un brusque virage. Très éloigné de la fresque historique Les Destinées sentimentales, son précédent long métrage, Demonlover s’attaque à des sujets plus actuels. Cybersexe, mangas érotiques, manipulation et espionnage industriel sont les principaux ingrédients de ce film étrange et fascinant.
Diane (Connie Nielsen) travaille pour Volf, une multinationale dont les activités vont de la mode à l’immobilier. Dans la logique de diversification de ses activités, le groupe rachète TokyoAnime, une société japonaise qui crée un nouveau type de mangas et leur version pornographique :les hentaï, en images numériques 3D. Au moment de négocier la diffusion de ces images sur Internet, Diane dévoile ses cartes : elle a été embauchée par Mangatronics pour torpiller le contrat entre Volf et Demonlover.
Olivier Assayas a eu la bonne idée de faire un casting international et réunit de très bons acteurs : Connie Nielsen, également à l’affiche de Photo Obsession, Chloë Sévigny, Charles Berling. Tous incarnent des personnages complexes, aux intentions plutôt obscures. Le jeu des caméras et le choix du montage entretiennent savamment ce mystère.
Demonlover ne donne aucune clé au spectateur qui découvre petit à petit les fonctions de chaque personnage et les activités des groupes industriels. Il est brutalement jeté au cœur d’un univers opaque, où les stratégies et les enjeux sont d’autant plus confus que chacun joue double jeu. Ce trouble est accentué par les mouvements de caméra qui balaient les décors et les visages. La mise en scène est fracassante, sombre, cruelle et déjantée à l’image des relations entre les différents personnages.
Les premières scènes du film tournées dans un avion, un aéroport puis dans la salle des marchés d’une multinationale laissent une impression d’ivresse. Soudain, des images chocs, nettes et lisses, tranchent avec ce tourbillon. Il s’agit de séquences de mangas érotiques qui distillent une violence profondément ambiguë (corps à la fois charnels et enfantins, sévices et plaisirs infligés par des sexes démesurés). Contraste étrange entre une "réalité" floue et un virtuel qui nous parle un langage familier : les protagonistes naviguent à vue dans leur monde et se transposent instantanément dans des personnages de mangas ou de jeux vidéo.
D’autres images viennent s’incorporer au film, celles d’un site de torture interactif, sorte de snuff movie à la carte pour internautes pervers. Olivier Assayas mêle avec brio ces différents éléments et met le doigt sur une vérité dérangeante : avec la mondialisation et les nouveaux réseaux de diffusion, les images les plus insupportables sont entrées dans notre quotidien, jusqu’à nous sembler ordinaires. On peut prétendre que ce n’est que de l’imaginaire, elles font malgré tout partie de notre vie.
Pour les personnages de Demonlover, ce constat se révèle plus terrible encore, jusqu’à ne plus savoir à quel monde ils appartiennent réellement. Manipulateurs et manipulés, rois impitoyables du business et esclaves soumis au fantasme d’un adolescent muni d’un clavier, ils basculent sans s’en rendre compte d’une dimension à l’autre. Cette nouvelle œuvre d’Olivier Assayas en déroutera plus d’un tant elle déborde d’originalité. Condition sine qua non pour aller voir ce film : accepter de perdre pied.
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