Le 15 avril 2024
- Scénariste : Kim Gérard>
- Dessinateur : Kim Gérard
- Genre : Horreur, Anticipation, post-apo
- Editeur : Glénat
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 13 mars 2024
Un récit post-apocalyptique cauchemardesque et violent, fruit d’une vraie vision d’auteur.
Résumé : Dans un monde où tout n’est plus que désolation, Ikar et Graham marchent sans fin à la recherche d’un oasis où l’herbe pousserait encore. Ces deux frères ont survécu à l’apocalypse qui a transformé le monde en un véritable enfer. En effet, les survivants ne peuvent plus mourir, mais sont frappés par des « tourments », cette souffrance qui les ronge de l’intérieur et les conduit à devenir violents. Ceux qui lâchent prise, emportés par leurs « tourments », deviennent des « oubliés », des individus sans conscience, sortes de zombies, qui ne vivent plus que par et pour la violence. Les deux frères finissent par comprendre que l’oasis dont ils ont entendu parler est généré par une petite fille, dont la seule présence génère un jardin apaisant. Mais ils ne sont pas seuls dans leur quête…
Critique :Avec Délivrance, Kim Gérard livre un premier album en forme de coup de poing en créant un monde infernal où la meilleure perspective pour les hommes semble être de mourir pour mettre un terme définitif à leur souffrance, après une catastrophe (écologique ?) aux causes assez obscures. Seule la jeunesse, incarnée dans le récit par cette petite fille, constitue un motif d’espoir pour les personnages, et fait l’objet des convoitises des terribles Fils de Sad, qui ont sombré dans le fanatisme.
- © Kim Gérard / Glénat
Kim Gérard ne nous prend pas par la main pour établir son récit et c’est progressivement, durant les cent premières pages de cet ample récit (328 pages, avec peu de dialogues), que les enjeux de la quête des deux frères, la nature de leur relation, la menace des« oubliés », les raisons de l’omniprésence de la violence se révèlent. On entre in medias res dans le récit avec Ikar, Graham et Maé – dont les mains sont attachées, sans que l’on sache au départ pourquoi – qui marchent dans un monde désolé. Ce choix tranché s’avère payant pour peu que le lecteur accepte de se laisser porter par l’histoire sans saisir immédiatement tous les codes de cet univers. Car c’est bien une vision originale d’auteur que propose Kim Gérard qui, s’il reprend certains codes du genre – les « oubliés » ressemblent à des zombies, l’espoir est incarné par la jeunesse – construit un univers assez original. En fin de compte, la fable cauchemardesque fonctionne.
- © Kim Gérard / Glénat
Délivrance ne fait pas non plus dans la demi-mesure dans la représentation de la violence : le sang gicle et les corps souffrent au point que certains personnages sont carrément déformés par la souffrance. La crudité de la violence rebutera probablement certains lecteurs, qui la trouveront parfois gratuite – notamment lorsque Ikar et Graham se frappent entre eux pour ne pas « lâcher prise » – mais Kim Gérard va jusqu’au bout de sa logique. Délivrance s’avère très efficace dans la représentation des combats, et l’on sent très bien l’inspiration des manga d’action, avec des planches très hachurées pour figurer les déplacements et des onomatopées dynamiques pour figurer l’intensité des coups. Le dessinateur joue également habilement de la couleur : l’omniprésence du rouge et du noir au début du récit nous fait rapidement comprendre que nous avons affaire à un monde désolé. Dans un deuxième temps, Kim Gérard varie sa palette pour introduire des nuances bleutées ainsi que du vert, pour représenter le « jardin » qui entoure la petite fille.
Si la violence de l’album peut mettre mal à l’aise, Délivrance convainc par l’originalité de son univers, ses choix narratifs tranchés et son graphisme soigné.
328 pages – 25 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.