Deauville (10/09) : Les dés sont jetés

Projection des deux derniers films de la sélection officielle de ce 36ème festival de Deauville : Morning et Cyrus.

Dernière journée pour les jurés du festival américain de Deauville. Au programme, les deux derniers films de la compétition officielle, Morning de Leland Orser et Cyrus de Jay et Mark Duplas. Acteur, Leland Orser réalise avec Morning son premier long-métrage. Dans un français quasiment impeccable, il a expliqué au public de Deauville le travail mené sur ce film. Jeanne Trippelhorne, son actrice principale, s’est montrée souriante, mais ne s’est pas exprimée sur le film, laissant place à la projection. Divisé en cinq parties, caractérisées par des numéros de 1 à 5, Morning relate les parcours individuels de deux parents face au deuil de leur fils tout récemment disparu. Au contraire de Love and other impossible pursuits présenté précédemment au festival, le ton n’est pas à la comédie romantique mais à l’introspection des personnages. La qualité première du scénario, écrit par Leland Orser, repose sur le fait que jamais n’est fait mention en tant que telle de la disparition de l’enfant. On la devine par des éléments de décor et surtout par le visage sombre des parents (interprétés par Jeanne Trippelhorne donc et par Leland Orser lui-même). L’émotion et l’indicible douleur sont toutefois palpables de par la caméra pudique qui se glisse discrètement derrière un mur, ne s’approchant jamais trop près des corps de ces êtres en souffrance. Le réalisateur concrétise un film d’une sensibilité remarquable, sans jamais recourir au sensationnalisme et au mélodrame.

Second film présenté aujourd’hui et dernier de la compétition officielle, Cyrus de Jay et Mark Duplas est la seule et unique comédie de la sélection. Le long-métrage met là-encore en scène une histoire de famille puisque le héros doit faire face au fils geek et quelque peu envahissant de sa nouvelle compagne. Dans l’esprit des films de Judd Appatow, Cyrus sort en salles le 15 septembre prochain.

Les jurés de Deauville ont désormais vu l’ensemble des films de la compétition et vont délibérer afin de décerner les prix demain soir. Nous pouvons d’ores et déjà souligner la grande charge émotionnelle et la sensibilité des œuvres projetées cette année. Beaucoup ont traité notamment de questions de famille concrètes. Que ce soit de l’absence - mort, disparition ou départ volontaire - ou de la reconstruction plus ou moins fastidieuse d’un foyer - les enfants constituant le cœur des récits. Par ailleurs, à l’heure du retrait des troupes américaines du territoire irakien, les cinéastes ont apposé leur point de vue d’artiste à une Histoire douloureuse en pleine construction, s’intéressant tant aux soldats qu’aux civils américains. Face aux discours engagés et aux questionnements sociologiques soulevés lors de cette 36ème édition du festival du film américain de Deauville, Emmanuelle Béart et son jury vont devoir faire des choix. Reste à savoir lesquels....