Le 1er septembre 2017
Adam Wingard réalise un pur film d’Adam Wingard. Son erreur ? S’être servi d’une œuvre culte et adulée à l’extrême pour ça.
- Réalisateur : Adam Wingard
- Acteurs : Willem Dafoe, Nat Wolff, Margaret Qualley, Lakeith Stanfield
- Genre : Fantastique, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Netflix
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 25 août 2017
Résumé : Inspiré du célèbre manga japonais écrit par Tsugumi Ohba et illustré par Takeshi Obata, "Death Note" suit un lycéen qui trouve un carnet doté d’un pouvoir surnaturel : quiconque le possède condamne à mort ceux dont il y inscrit le nom en pensant à leur visage. Enivré par un sentiment de toute-puissance quasi divine, le jeune homme commence à tuer ceux qu’il estime indignes de vivre.
Notre avis : Loin de nous l’idée de se faire l’avocat du diable, mais ici Adam Wingard est très apprécié, surtout pour son home invasion You’re Next et sa série très B The Guest, si bien que même sa grossière erreur de parcours Blair Witch n’est pas venu entacher l’opinion que l’on porte sur le travail du type. S’attaquer à un pilier du manga japonais tel que Death Note n’a bien évidemment pas manqué d’attirer les foudres d’un paquet de monde, à tort (souvent) ou à raison (parfois), confirmant le caractère suicidaire du réalisateur à remodeler à sa manière de grosses références culturelles (de manière plus ou moins directes). En regardant cette adaptation infidèle et bouffonne de la saga littéraire, la sensation qu’Adam Wingard n’en a rien à foutre des fanboys (et de beaucoup d’autres personnes) se confirme, même mieux (ou pire, le point de vue est relatif), il n’hésite pas à se foutre allègrement de notre tronche en déformant le sérieux froid et morbide du matériau de base pour y insérer de la farce comme à son habitude.
- Copyright : Netflix
Pour dissiper tout malentendu, oui l’on connaît Death Note, manga et animé (même films, mais si, vous savez, ces deux immenses daubes ultra fidèles dans les faits à l’œuvre d’origine) : oui ce sont des œuvres majeures chacune dans leur domaine ; pour autant, on reconnaît dans cette version 2017 tout l’esprit parodique d’un auteur que l’on aime tant. Car il faut être aveugle (ou fanboy, c’est à peu près équivalent) pour prendre cette adaptation au premier degré dans sa totalité. La réinterprétation du mythe est totale, de l’environnement aux personnages en passant par l’ambiance, tout comme incomplète (beaucoup de questions en suspens, des idées importantes complètement éludées). Pourtant, combien ont pu prendre le cri de Light au sérieux lors de la première apparition de Ryuk par manque de discernement et un trop gros attachement au manga ? Qu’est ce qu’il faut de plus au spectateur pour apercevoir combien Light nous paraît ridicule intentionnellement, y compris dans le choix de l’acteur et son combo teinte de cheveux + mèches rebelles de fan d’All Time Low ?
- Copyright : Netflix
Si Death Note 2017 ne prend pas toujours un malin plaisir à se moquer de ses situations, il reste dans cette trajectoire on ne peut plus cohérente d’un réalisateur appréciant se jouer des codes classiques, ceux du teen movie en l’occurrence, et son ado fragile, ses footballeurs américains, ses pom pom girls, ses romances, et ainsi de suite. On penserait presque à Richard Kelly et son appropriation de ces clichés dans Donnie Darko, si ce n’est que la finalité diffère complètement, en cela que Adam Wingard cherche le grotesque et le foutraque loin du contestataire film culte de 2001. A l’opposé de la sobriété des crises cardiaques du manga, cette version préfère verser dans la gratuité gore jouissive de ses quelques meurtres montrés à l’écran comme le réalisateur apprécie tant le faire, en construisant toujours avec second degré le machiavélisme d’assassinats décomplexés. Le résultat est balbutiant et très peu intellectuel à la surface en appauvrissant tout le propos lié au death note, ce que beaucoup qualifient (à tort) d’ « américanisation », tandis que le film s’amuse justement de ces codes hollywoodien parfois ubuesques.
- Copyright : Netflix
Déjà dans You’re Next le caractère comique s’exprimait à travers un détournement de poncifs qui nécessitait parfois de la part du spectateur une certaine connaissance de ces derniers, pour pouvoir en rire avec Adam Wingard. Pourtant Death Note laisse bien plus d’indices concernant la mentalité du film et celle à adopter pour l’apprécier, en tournant nombre de ses situations avec dérision et en ne se posant aucune barrière dans la moquerie. La différence étant qu’ici, nombreux n’ont pas accepté (et compris) que cela se fasse sur le dos d’un grand manga, dont le principe de base permet l’emprunt de bien des voies, dont celle de la parodie. Même la présence d’un bêtisier en images quasi-subliminales lors du générique n’aura pas suffi à reconsidérer l’angle d’approche du film par ses détracteurs qui n’y ont vu qu’un nouvel affront hollywoodien. Le message était pourtant assez clair au vu des éléments comiques disposés ça et là, Death Note est une blague enrobée de sérieux, qui s’amuse de l’accumulation volontaire de clichés, que ce soit dans sa structure (le stéréotype du teen movie qui doit se terminer par le bal mélangé au stéréotype du thriller / film d’action qui doit se terminer par un climax haletant, d’une pierre deux coups) ou plus spécifiquement dans ses scènes (le cri de Light, la tête de Light lorsqu’il tombe à l’eau, la tête de Light pendant la moitié du film, la destruction abusive d’éléments destructibles lors d’une poursuite à pied, les capacités physiques complètement pétées de deux gringalets, ce n’est pas comme si on manquait d’exemples pour rallonger encore cette phrase déjà bien trop longue). Le problème ne réside pas tant dans le fait qu’autant de personnes n’aient pas aimé le film (ça se comprend vu ses imperfections), mais surtout qu’il ait été victime d’un si gros rejet basé sur une incompréhension totale des objectifs de l’œuvre. On est peut-être les seuls, mais on est curieux de voir la suite.
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MYTHOMANIAC 6 juin 2019
Death Note – la critique du film
Encore un projet orienté Teen Movie pour Netflix, un manque cruel de cohérence sur l’univers et les personnages. Les règles du death note sont délivrées quand cela est nécessaire et pas en totalité. Quelques moments permettent de voir l’ampleur du sujet mais c’est insuffisant. D’une traque intellectuelle promise, on en arrive à une sorte de sous Destination finale, qui avait pour lui la force de l’ironie dramatique.