Le paysage au cinéma
Le 12 mars 2023
Une analyse originale et sensible du paysage au cinéma. Plus poussée qu’une analyse esthétique, Benjamin Thomas propose d’aborder le paysage à l’écran comme un objet à part entière, avec un rôle plus important qu’il n’y parait.
- Auteur : Benjamin Thomas
- Collection : Focale(s)
- Editeur : Passage(s)
- Genre : Essai
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 24 novembre 2022
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Au cinéma, il est souvient question de mouvement, d’action, de scénario mais rarement de paysage. Sont-ils alors de simples décors, comme en peinture, ou reflètent-ils aussi un point de vue des personnages, qui se confondrait avec celui du spectateur ?
Critique : A priori, analyser le paysage au cinéma peut évoquer aux spectateurs la beauté de plans à couper le souffle, le souvenir d’horizons grandioses à coups de grands effets spéciaux. Mais le choix que fait l’auteur de ce livre, De l’insistance du monde, c’est celui d’expliquer en quoi le choix du paysage est une composante essentielle du cinéma. Il n’est pas question de lumière mais de récit, pas de technique, mais de regards et donc de l’art de porter la vie sur grand écran.
Aussi, les films cités ne sont pas les plus spectaculaires ou figuratifs, mais plutôt des films où le paysage joue un rôle important. Il cite par exemple les longs métrages de Bruno Dumont les plus arides, où la lumière et les profondeurs de champ font partie intégrante de l’histoire, au même niveau que les personnages.
L’auteur s’attache aussi à traiter du mouvement dans le paysage. Immédiatement, cela change la perspective : si l’on pense au paysage en mouvement, on pense au cinéma. Il n’est plus question de structure, de fixer le regard, mais bien de scène qui prend corps à travers la caméra. Il en fait la démonstration en citant les plans fixes de La chevauchée fantastique, de John Ford. Sous les reliefs, apparait la diligence, avec une piste tracée dans la poussière. Dans ces scènes, la ligne étant définie, le regard peut s’en détacher et ainsi imaginer toutes les « potentialités dramatiques » qui peuvent surgir à tout moment. Mouvements du cadre, paysages en mouvement, séquences ou encore horizons, autant de possibilités évoquées pour créer sur grand écran.
L’écriture de cet ouvrage est très littéraire. L’évocation de son sujet n’enferme pas l’auteur dans des considérations techniques : il puise des références qui lui sont propres, témoignant d’un goût profond pour les atmosphères au cinéma, où la narration peut se détacher du scénario, où l’image ne cède pas à l’action.
L’auteur prend aussi le parti d’évoquer le rapport au temps ; à travers la fugacité des images, il rappelle que le monde est soumis à la manière de voir de l’artiste. Les personnages s’intègrent dans l’image comme ils s’intègrent au monde, avec un désir de s’y intégrer. Le paysage n’est donc pas seulement une image instantanée, mais aussi une projection de sentiments, de démonstration, bref de conscience humaine.
L’analyse n’échappe pas aux détails de la composition, mais toujours dans l’idée d’illustrer les différents rôles que peuvent tenir les paysages au cinéma. Il livre là une multitude de possibilités et ouvre le champ des possibles : l’étude se veut proposition plus que contemplation.
En une centaine de pages, il ne s’agit donc pas de dessiner tous les contours du paysage au cinéma, mais bien de soutenir comment il s’inscrit dans la narration, tenant son rôle à part entière. Le livre vise à mieux nous ouvrir les yeux sur la puissance des images qui contiennent des paysages, sur l’interprétation qui peut en découler, comme pour finalement mettre en avant ce qui n’est toujours relégué qu’au second plan. Cette mise en lumière est instructive et bien menée, dans une collection qui explore une nouvelle fois les multiples facettes du septième art.
112 pages
18e
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