Le 9 mai 2025


- Scénariste : Yugo Aosaki>
- Dessinateur : Shirohiko Yamada
- Collection : Moonlight Manga
- Genre : Shonen
- Editeur : Delcourt
- Famille : Manga
- Date de sortie : 19 mars 2025
- Durée : T.1
Un huis clos qui met en scène des adolescents à la fois timides et détectives.
Résumé : En prenant le premier train de 5h30, Katogi espérait bien se trouver seul sur la route du lycée. Mais en arrivant dans la rame, la discrète et mystérieuse Satsupukei est déjà assise. Mal à l’aise, il va devoir discuter avec elle, espérant à la fois dissimuler la raison de sa présence, et comprendre celle de sa camarade...
Critique : Il ne paie pas de mine, ce shonen de chez Moonlight Manga, mais il recèle de belles choses. Prenant place dans un wagon désert, du fait de l’heure précoce, ce dialogue entre deux adolescents ne joue pas sur la romance mais sur un autre type de tension, celle du mystère, de l’énigme et même du polar. En effet, dans ce chassé-croisé de confidences et de justifications sur le choix de l’un et de l’autre de cette heure si matinale, on en vient à se demander lequel des deux a le plus à se reprocher. La première suspicion amoureuse laisse place à une vague intrigue d’amitiés délitées, voire de pression sociale, jusqu’à ce qu’intervienne un flou plus évocateur : celui d’un meurtre, ou du moins d’une certaine violence latente. Et tandis que le lecteur se demande si les deux personnages quitteront bien la rame, ce train file sur un terrain plus subtil, et laisse voir une version plus complexe de ces deux personnages, qui ne s’arrêtent pas au tracas habituels mais montrent que cette heure si particulière et bien celle des écueils de la vie dont on ne parle pas souvent : une certaine conscience de la frontière entre le bien et le mal par exemple...
© Yugo Aosaki, Shirohiko Yamada / Delcourt
Côté dessin, Shirohiko Yamada n’a pas cherché à surprendre ou donner une impression d’originalité : il s’est évertué à varier les cadres, les points de vue, les plans rapprochés sur un élément du corps qui pourrait trahir : bras, cou, lèvres plutôt que les yeux... Il a cherché à rester le plus possible dans le wagon, non pas pour économiser les détails et les décors, mais plutôt pour installer cette ambiance de huis-clos, ne voulant pas déborder trop sur les habitations, le lycée ou autres lieux communs, concrétisant la volonté du scénario de cette nouvelle exemplaire de simplicité. Il faut noter qu’une seconde nouvelle est intégrée, et si elle diffère largement dans son ambiance, trois amies prenant un goûter dans un dinner, cette règle du huis-clos perdure puisqu’elles ne vont pas bouger de leurs banquettes de tout le récit.
© Yugo Aosaki, Shirohiko Yamada / Delcourt
Simple mais finement exécuté, Dans le premier train est une invitation non pas à voyager dans Tokyo ou sa banlieue, mais plutôt à pénétrer dans la psyché des adolescents et d’aller un peu plus loin que la surface souvent proposée.
160 pages – 8,50 €