Dans l’ombre de Mary – la critique du film

Dans l’ombre de Mary ou un méli-mélo(drame) de mélodies. Très grand public, comme tout Disney qui se respecte, Save Mr. Banks, de son titre original (ou pourrait-on dire originel), est un subtil mélange de genres, au propos grave et au traitement « bon enfant ».

Critique : Walt Disney avait promis à ses filles de porter un jour à l’écran le roman qui les avait fait rire aux larmes. Cela lui prendra vingt ans. À travers lui et Pamela Travers, ce sont deux conceptions du monde qui s’affrontent, la diplomatie de l’un et la rigidité de l’autre, le faste hollywoodien et la modestie à l’anglaise, la familiarité et l’inaccessibilité, à l’image de la chaleur de Los Angeles et du temps brumeux de Londres.
Tout est question d’échos et de résonances, de réminiscences et d’avenir dans ce film dont la complexité est recouverte d’une surcouche de merveilleux et d’extraordinaire. La Disney’s touch est bien présente, au regard de l’aura de cet homme qui, tel un Midas des temps modernes, semble transformer tout ce qu’il touche en or. Pamela représente un adversaire à sa hauteur, dans la démesure la plus complète et spectaculaire, nullement intimidée par l’empire qu’a bâti Disney.

C’est sans compter l’esprit de challenger qui lui a permis d’être ce qu’il est. Ainsi, au rythme des airs entêtants qui se créent et remporteront deux Oscars (Meilleure Musique et Meilleure Chanson) se craquelle le vernis des apparences pour laisser entrevoir des blessures non cicatrisées.
Le présent fait le deuil du passé à travers un montage alterné, qui annonce tantôt la chute inextricable du père, ce fameux Mr. Banks qu’il s’agit de sauver, tantôt l’apaisement de cette enfant rêveuse devenue une vieille femme acariâtre et le succès annoncé du film.
Les deux temporalités s’entrecroisent et renversent la tendance lorsque Disney perce le secret de Travers et en vient à avancer leurs points communs : leur enfance douloureuse et ce besoin incessant de la réécrire, de la façonner à leur manière, de l’idéaliser, de la perfectionner , grâce à une surcharge de poésie, de féerie, de magie. Et le miracle se produit : Mary Poppins est née.