Ryan Gosling, son premier grand rôle
Le 12 novembre 2017
Les égarements d’une foi tourmentée... Avec Ryan Gosling dans son premier grand rôle au cinéma.

- Réalisateur : Henry Bean
- Acteurs : Ryan Gosling, Billy Zane, Garret Dillahunt, Theresa Russell
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : D’Vision
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 1h42mn
- Box-office : 17.352 France / 9.884 entrées Paris Périphérie
- Titre original : The Believer
- Date de sortie : 10 octobre 2001

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Résumé : Danny Balint, un skinhead new-yorkais de 22 ans violemment antisémite, s’en prend régulièrement aux Juifs. Il fréquente un groupuscule d’extrême-droite où ses talents d’orateur sont très appréciés. Mais Danny Balint est lui-même juif. Il est contraint de cacher sa véritable identité, jusqu’au jour où un journaliste met la lumière sur cette insupportable dualité. Danny Balint vit de plus en plus mal ses contradictions. Ses racines, sa religion vont inexorablement le rattraper...
Notre avis : « L’histoire vraie d’un juif néo-nazi ». Ce résumé succinct de l’intrigue laisse d’ores et déjà entrevoir l’épineux sujet abordé par le long-métrage. Grand Prix du Festival de Sundance 2001, Danny Balint s’inspire directement de la vie d’un jeune homme d’origine juive et membre actif du Ku Klux Klan : Daniel Burros (initiales D.B). Premier film d’Henry Bean (Dernière limite, Noise) en tant que réalisateur, Danny Balint se révèle être une oeuvre digne du grand cinéma indépendant américain.
Loin des stéréotypes et clichés de l’antisémitisme, le long-métrage s’attarde sur des thèmes brûlants et controversés. Malgré certaines similitudes avec American History X, Danny Balint se prouve moins simpliste, plus attaché à rendre compte des paradoxes et contradictions qui consument le personnage principal. Le récit de la quête identitaire de cet anti-héros est appuyé par de nombreuses références historiques, culturelles et même politiques.
Brillant et cultivé, le personnage de Danny Balint est abject et touchant à la fois, pris au piège dans un paradoxe qu’il a lui même créé. Fort d’une logique intellectuelle implacable, il est en proie à des sentiments contradictoires qui le mènent inconsciemment à une haine féroce de lui-même. Les scènes filmées en noir et blanc sont révélatrices ; tour à tour bourreau nazi et résistant juif, Danny ressasse sans répit ces fantasmes obsessionnels sans arriver jamais à s’en défaire.
L’ambivalence de ces sentiments est brillamment interprétée par Ryan Gosling (Half Nelson, Drive), qui maîtrise les facettes de son rôle à la perfection. Sans tomber dans la caricature, Henry Bean aborde la violence néo-nazie sous un nouvel angle. Dans Danny Balint, l’agressivité est plus verbale que physique, et elle n’en choque que davantage.
Servi par une mise en scène sans fioritures, le long-métrage est une œuvre troublante, sur un thème extrêmement sensible. Malgré ses quelques maladresses et sa fin peu convaincante, Danny Balint n’en reste pas moins une belle réflexion sur la foi et la complexité humaine.