Le 28 juillet 2018
Par ses manières qui l’ont rendu aussi célèbre que ses peintures, Dali ne fut jamais loin du spectacle. Christophe Gauzereau, auteur et comédien, en a tiré une pièce biographique approchant ce personnage pour le moins singulier. En dépassant la simple imitation, il donne à voir la divine, substantifique, paranoïaque moelle de ce génie auto-proclamée.
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Plus d'informations : Le site du théâtre
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Résumé : Le divin Dali dans tous ses états : le génie incomparable, excentrique, provocant mais aussi, au-delà des apparences, l’homme secret, sensible, capable de manier avec une joyeuse mauvaise foi l’autodérision autant que le paradoxe.
Notre avis : Dali, né Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, premier marquis de Dalí de Púbol, interprétait le peintre Dali. Il avait inventé un personnage poétique, à la pensée pour le moins discontinue. Il donnait à ses apparitions surprenantes, ses performances (la laitière et le rhinocéros), une emphase comique et absurde, digne du mouvement surréaliste dont il prétendait être la parfaite incarnation.
Il postulait volontiers que L’unique chose dont le monde n’aura jamais assez est l’exagération. Ce qu’il appliquait à ses actions et à sa singulière élocution.
- Dominique Chauvin
La pièce prend la forme d’une interview où l’auteur joue lui-même le rôle d’un journaliste interrogeant le peintre star. Au fil des questions, se dessine le portrait d’un indépendant absolu, éloigné des croyances idéologiques, du nihilisme occidental. Un discours de bon sens apparaît derrière les rodomontades excentriques, hormis son amitié pour Franco qui ne trouve, même avec le temps, aucune grâce.
- Dominique Chauvin
Dali tient des discours à contre-courant. Il prétend que les peintres modernes sont tous mauvais sauf son compatriote Picasso, dont les ignominies lui semblent si abouties qu’il ne peut les conspuer. Selon lui, l’égalitarisme de 1789 aurait justifié la médiocrité dans toutes les disciplines. Le nihilisme en serait l’étalon, les artistes n’échappant pas à la mesure de leur époque, excepté lui bien entendu. Passionnant retournement. Comment regarder les floraisons de Twombly, par exemple, comme autre chose qu’une perte ou une imposture, ou les deux à la fois si l’on adhère à sa proposition ?
Philippe Kieffer qui incarne le peintre nous mystifie au point d’arriver à croire que c’est Dali lui-même qui est sur les planches. Ses postillons catalans sur les premiers rangs sont un véritable baptême. Il joue avec talent, de la canne jusqu’à la pointe des moustaches, le talent du catalan.
En toute fin, pour terminer la représentation, un chant de flamenco sur des images de mer donne le frisson, un peu comme si après la compilation de toutes ces pitreries divertissantes, ces fulgurances, ces provocations, ces jeux de mots, ces déclarations en toute mauvaise foi, on s’approchait enfin de l’authenticité simple et touchante de son inimité. Rideau sur cette question : quel homme Dali était-il en coulisses ? La suite au prochain spectacle...
A voir aux Mathurins ! A lire la vie secrète de Salvador Dali par lui-même. A se demander si le génie n’est pas la plus belle des folies.
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