Coup de foudre à Bollywood - la critique

Tout aussi personnelle que chatoyante et endiablée, une réappropriation en beauté des codes bollywoodiens.

L’argument : Mrs Bakshi met toute son énergie à chercher les meilleurs partis pour ses quatre filles. Mais celles-ci se montrent difficiles, font la fine bouche et vont jusqu’à éconduire les prétendants qui ne leur plaisent pas ! Quand arrive le beau Darcy, Américain de passage, la tension monte dans la famille Bakshi ! L’amour parviendra-t-il à triompher de l’adversité ?

Notre avis : Il n’est venu à l’idée de personne de nous infliger les versions traduites de "Graisse", "Tarte américaine" ou autre "Lame de rasoir". On aurait aimé qu’il en soit de même pour ce Coup de foudre à Bollywood qui risque de se voir condamné à traîner un titre racoleur au lieu de l’original, subtil et explicite Bride and prejudice. Gurinder Chadha y annonce clairement la couleur : nous sommes dans le tumulte des sentiments et amours contrariées, dans la plus pure tradition du marivaudage à l’anglaise, fidèlement adapté de Jane Austen.
Une famille indienne. Le père, discret et éclairé, la mère, traqueuse de beaux partis, et quatre filles, belles intelligentes, et à marier ! Pour les détails, se reporter à Orgueil et préjugés !

La réalisatrice d’origine indienne avait fait une entrée remarquée sur les écrans européens, avec un petit film malicieux entre fable et conte de fées, Joue-la comme Bekham. Si on est encore ici dans la romance et les bons sentiments, aux dépens d’une certaine vraisemblance de la société pendjabi, on est par contre immergés dans un véritable film indien, chatoyant, endiablé, mettant au service de la dialectique des sentiments tous les moyens bollywoodiens. Chants, danses, amours contrariées, quiproquos et happy end, le spectacle est total. Les personnages sont fouillés et les archétypes qu’ils incarnent ne sombrent jamais dans la caricature. Ce sont là les petites entorses que Gurinder Chadha s’est autorisées, en marge d’un cahier des charges bolywoodien orthodoxe. Les personnages évoluent, les femmes réfléchissent, s’opposent, s’affirment. Et c’est là que le film, loin d’être une enième production indienne, prend toute sa dimension de cinéma d’auteur. Une réappropriation des codes pour en faire un spectacle personnel, métissé, à l’image de la modernité d’un monde qui court toujours plus vite que ses traditions. Gurinder Chadha la joue comme personne !