Conquêtes . T.2 . Deluvenn - La chronique BD

Après la glace, l’eau. En choisissant une planète de type Aquablue, en y adjoignant une race pas si éloignée des Grands Anciens façon Dagon lovecraftien, et en y installant une population méditerranéenne bourrue et pas vraiment adepte du dialogue, ce deuxième tome tranche avec la froideur du premier. Encore une fois, le bonheur et l’harmonie ne seront pas à l’honneur, et il est intéressant de voir qu’ici, avec des moyens limités et une nature hostile, les hommes ne seront franchement pas favoris, et peut-être pas gagnants au final. Lorsque l’on sait que ces protagonistes n’ont pas de suite en vue, il y a comme un suspense morbide qui intensifie la lecture, donnant à une BD qui a l’air d’être un condensé de déjà-vu SF un vrai air de thriller d’anticipation bien dans l’air du temps, avec de la rouille, du sang et des pouvoirs psys. Faire tenir une planète, une race alien, des héros et un destin pour tous dans une soixante de pages relève du défi, qui est pleinement relevé une fois encore.

Nicolas Jarry, Bertrand Benoit, Olivier Héban / Soleil

Côté dessin, les flancs des vaisseaux bons pour la casse font rapidement place aux plages et aux récifs, voire aux profondeurs de bleus et de verts magnifiques, mais à aucun moment ne se dégage une impression de vacance. Ce ne sont pas les Maldives enchanteresses, mais plutôt des Kerguelen améliorées qui accueillent les colons, et rapidement des émeutes, des escarmouches vont éclater, apportant une violence qui finalement était déjà en germination dès les premières pages, dès les premiers mots du héros.

Nicolas Jarry, Bertrand Benoit, Olivier Héban / Soleil

Solide suite, voire même plus percutante que son aînée, Deluvenn apporte une nouvelle ambiance en fond, même si la forme ne bouge pas vraiment. Pour autant, ce format reste attractif, et même très agréable dans son genre.