Conquêtes T.1 . Islandia - La chronique BD

Comme la série Androïdes s’était arrangée pour proposer aux lecteurs quatre one-shot sur les possibilités d’un futur plutôt désastreux au côté des Intelligences artificielles, la série Conquêtes offre les possibilités de l’exploration et de la colonisation spatiale. Cinq tomes concernant cinq planètes différentes, et donc autant de protagonistes et d’écueils à prévoir en perspective. Pas de liens, sinon l’envie de couvrir l’éventail de scénarii, quitte à ressembler à quelques classiques SF. En choisissant la neige, Islandia faisait dans l’original, puisque peu de BD avait déjà envisagé d’y intégrer une histoire en entier. Il faudrait plutôt chercher dans les jeux vidéo, avec une ambiance Lost Planet ou Dead Space 3, voire StarCraft avec des aliens façon Protoss. Pourtant l’essentiel est ailleurs, résidant plutôt dans cette flotte aux couleurs, symboles et habitudes très dictatoriales, des marines costauds et fidèles et des généticiens privés qui font penser à la franchise Alien. Pour le scénario, là encore l’influence serait plutôt d’un univers à la Silverberg ou un gamer, tolérant une liberté, des péripéties bien amenées, un déroulement qui semble linéaire mais qui a en fait pas mal d’écarts surprenants.

Jean-Luc Istin, Eber Evangelista, Zivorad Radivojevic / Soleil

L’entrée dans ce nouvel univers se fait sans aucune appréhension, de manière spontanée et naturelle, tant le dessin de Radivojevic semble familier (ou peut-être est-ce l’ambiance à la 2001 du prologue...). Sa structure, ses codes couleurs, son approche des vaisseaux et des indigènes disposent d’un côté rassurant, organisé, comme toute bonne BD de science-fiction. L’héroïne, plutôt sexy de corps et tenace de caractère, a elle aussi quelques attributs plutôt habituels, presque catalogués, si l’on pense à une Kerrigan par exemple. Charismatique à souhait, son histoire d’amour est anecdotique malgré son caractère inachevé, et c’est surtout son lien maternel qui est au premier plan. Ses capacités psy passent très vite du balbutiement à la maîtrise illimitée, mais c’est bien le format de one-shot qui oblige à certains raccourcis, et le dessin conserve tout le long cette atmosphère à la fois dure et pleine d’espoir, à l’image des sourires des autochtones.

Jean-Luc Istin, Eber Evangelista, Zivorad Radivojevic / Soleil

Cohérent et captivant, Islandia démarre parfaitement une série à nulle autre pareille sur la colonisation des exoplanètes lointaines. La scénario est juste ce qu’il faut d’original, le dessin soigneusement orchestré, pour le plus grand plaisir de ceux qui ont aimé les séries SF, d’Aquablue à The Expanse.