Vu du fleuve
Le 22 mars 2009
Une aventure fluviale pour essayer d’appréhender la réalité d’une nation troublée, mais vivante.
- Réalisateur : Thierry Michel
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Belge
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– Durée : 1h56mn
Une aventure fluviale pour essayer d’appréhender la réalité d’une nation troublée, mais vivante.
L’argument : Thierry Michel nous emmène, sur une barge, aux sources du fleuve Congo, deuxième fleuve africain par sa longueur. Un prétexte à la découverte de la République Démocratique du Congo (RDC) qu’elle traverse. Point de départ : Kinshasa, la capitale de ce riche, mais chaotique Etat d’Afrique centrale.
Notre avis : Thierry Michel est un fin connaisseur de la République Démocratique du Congo (RDC). Congo River, au-delà des ténèbres est son cinquième film, en dix ans, sur ce pays. L’occasion pour le réalisateur belge, après s’être attaché à des aspects plus directement politiques dans ses précédentes productions, d’en faire découvrir un autre visage. Le Congo vu du fleuve à qui il doit son nom. Sur la barge qui quitte Kinshasa, c’est une miniature de la société congolaise qui s’embarque. Ce documentaire nous emmène ainsi au plus près de la réalité des Congolais dont certains se raccrochent à l’Eglise et aux églises évangéliques pour se donner la force d’espérer. Autrement, même cette barge aux commandes de laquelle se trouve un homme dont la sérénité contraste étonnamment avec le remue-ménage de son embarcation, ils ne la prendraient pas. Le fleuve, seul moyen de rallier l’intérieur du pays, peut les emporter à tout moment ou les piéger dans ses bancs de sable. Filmé de long en large et sous toutes les coutures jusqu’à sa source si apaisante, le Congo coule à l’intérieur de la RDC comme une perfusion indispensable à sa (sur)vie. Car le pays semble, à chaque instant, pouvoir basculer dans le chaos, ces ténèbres dont elle veut absolument réchapper.
Survivre semble être le maître mot de tous ces Congolais rencontrés au gré des escales de ce voyage. Comme ces femmes et ses petites filles violées par des miliciens maï-maï. Leur général semble d’ailleurs être convaincu que sa mission libératrice face aux envahisseurs, qui ont plongé la RDC dans la guerre (1998-2002), dont elle essaie de se remettre actuellement, est d’essence divine. Ainsi des images d’archives succèdent à des images du Congo actuel donnant l’impression, qu’en plus de quarante ans d’indépendance, le quotidien des populations congolaises n’a pas beaucoup évolué.
L’un des principaux responsables de cette situation n’est autre que feu le président Mobutu Sese Seko, dont les traces de la folie des grandeurs sont encore visible sur les bords du fleuve Congo. Trente ans de dictature imposée par le "roi du Zaïre" [1] ont laissé le pays exsangue, apathique, comme anesthésié. Qui ne le serait pas après pareille hémorragie ? Et la musique est, loin des clichés habituels, un précieux dérivatif, une inspiration qui aide cette nation à panser ses plaies béantes. Elle est omniprésente dans ce film divinement servi par une bande originale que l’on doit au célèbre chanteur congolais, Lokua Kanza, dont la voix, parfois lancinante, fait écho au drame de tout un peuple.
Au total, Congo River se veut un condensé de la RDC d’aujourd’hui. Objectif atteint, mais c’est aussi son principal tort. "Qui trop embrasse, mal étreint", dit l’adage. Trop d’informations en trop peu de temps (le film dure pourtant près de deux heures) et un montage maladroit qui nuit un peu à la fluidité de cette escapade fluviale. Les premières images, en noir et blanc, qui mettent en scène le navigateur Stanley, celui à qui l’on doit la découverte du Congo, en sont d’ailleurs la parfaite illustration. A tel point, qu’on croit s’être trompé de film. Cependant, le fleuve-serpent, long de 4371 km, reprend très vite ses droits. Et sa vigueur restera la seule certitude - de même que celle d’avoir partagé l’aventure très personnelle de Thierry Michel - de votre esprit passablement embrouillé au sortir de cette projection.
[1] Mobutu, roi du Zaïre, de Thierry Michel, 1999
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