Le 19 janvier 2017
Un film maîtrisé qui aborde sans détours le thème des non-dits et de l’incommunicabilité.
- Réalisateur : Morgan Simon
- Acteurs : Monia Chokri, Kévin Azaïs, Nathan Willcocks
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 25 janvier 2017
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Résumé : Chanteur charismatique d’un groupe de hard rock, Vincent, 24 ans, a déjà tatoué la moitié de son corps. Avec sa gueule d’ange et son regard incandescent, le monde lui appartient. Mais l’arrivée d’une nouvelle femme dans la vie de son père réveille les tensions. Vincent n’entend plus retenir sa colère, ni son désir.
Notre avis : Désorienté par la mort récente de sa mère, Vincent, à 24 ans, vit seul avec son père, un homme dur qui ne s’intéresse guère à la vie de son fils, un garçon sensible qu’il ne comprend pas et qu’il passe son temps à rabaisser. La journée, Vincent reste dans sa chambre, se déplace sur son vélo et se distrait avec ses copains. Le soir, il exprime toute sa détresse dans un micro puisqu’il est le chanteur d’un groupe de hardrock. La scène d’ouverture nous montre Vincent se faisant tatouer dans le cou le visage de son père, une vraie preuve d’amour que celui-ci rejette sans remords. Dès le début, leur incapacité à communiquer ne fait aucun doute.
- Copyright Rezo Films
Le deuil maternel, la famille monoparentale, les non-dits, les conflits père/fils, des sujets maintes fois rebattus et qui pourraient facilement basculer dans la banalité, sont cette fois-ci transcendés par l’inventivité du tout jeune réalisateur Morgan Simon. Autodidacte, il a découvert le cinéma après des études de biologie. Son court-métrage Essaie de mourir jeune a été nommé aux César 2016.
Avec précision, il commence par dessiner les contours de ses personnages masculins : une touche de rage sous-jacente pour un fils mal-aimé, une nuance de rudesse à peine dissimulée pour un père plus désabusé que méchant. Si parfois le rythme du récit connaît quelques baisses de régime, des scènes fortes et poignantes viennent bien vite compenser cette faiblesse et percent peu à peu la carapace de ces personnages à fleur de peau. Laissant de côté des dialogues inutiles, le réalisateur filme les comédiens en gros plans de manière à capter leurs émotions au plus près. Ici, un relief sur un front, là une lueur dans les yeux, un sourire à peine esquissé ou un silence qui pèse lourd nous renseignent bien plus que les mots sur les sentiments et les frustrations qui les traversent. Le spectateur, captivé par un récit brut, s’immisce au cœur d’un déchirement qui n’en finit pas. Ce jeu d’équilibriste instable se brisera avec l’arrivée d’un nouvel élément : la nouvelle amie du père. A peine plus âgée que Vincent, elle se sent attirée par ce garçon non conventionnel et incandescent et transforme, par sa présence, l’opposition père/fils en un combat de coqs.
- Copyright Rezo Films
La mise en place de ce trio bancal et sulfureux apporte au récit une force supplémentaire. Les cœurs s’ouvrent laissant s’exprimer une violence libératrice en même temps qu’éclate la qualité irréprochable de l’interprétation. Kevin Azaïs est de tous les plans surfant sans cesse entre colère et délicatesse. Son physique mi-ange, mi-démon imprègne son personnage d’une maturité et d’une intensité remarquables. Nathan Willcocks, à la gueule cabossée et au timbre de voix si particulier, donne toutes ses lettres de noblesse à ce père taiseux, davantage inapte à l’amour qu’inhumain. La jolie Monia Chokri, comédienne québécoise découverte grâce à Xavier Dolan dans Les amours imaginaires est épatante de naturel et de douceur et fait de ce trio le plus bel atout du film.
La toute dernière scène montrant un homme blessé qui accepte de passer la main est de toute beauté et résume parfaitement l’esprit de ce premier film original et prometteur.
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