Le 4 septembre 2024
Un portrait de mère, de femme, au milieu du théâtre de la vie où enfin, les malentendus et stéréotypes s’estompent au bénéfice d’une société du vivre-ensemble. Une vie rêvée est magnifié par deux grandes actrices : Valéria Bruni-Tedeschi et Lubna Azabal.
- Réalisateur : Morgan Simon
- Acteurs : Lubna Azabal, Valeria Bruni Tedeschi, Félix Lefebvre, Antonia Buresi, Dylan Benha
- Genre : Comédie dramatique, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 4 septembre 2024
- Festival : Festival du film francophone d’Avignon 2024
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Résumé : Nicole a une vie de rêve. À cinquante-deux ans, elle vit dans une cité HLM de banlieue avec son fils de dix-neuf ans, Serge, qui ne la supporte plus. Endettée et sans emploi, elle se voit retirer chéquier, carte bancaire, et ses rides se creusent sans qu’elle ne puisse rien y faire. Et si, à l’approche de Noël, la vie se décidait enfin à lui sourire ?
Critique : C’est une femme au bord du précipice. Elle est sans emploi, surendettée, sans aucun moyen de paiement à l’approche de Noël. Et pour couronner le tout, son grand adolescent de dix-ans ans n’a de cesse de lui reprocher une existence qu’il juge médiocre et désolée. La déprime n’est pas loin, voire même le suicide, jusqu’à ce que peu à peu sa vie s’illumine d’un recommencement.
Une vie rêvée, c’est d’abord le film de deux très grandes actrices, Valeria Bruni Tedeschi et Lubna Azabal. Elles incarnent des femmes très différentes, ancrées dans une époque et un environnement social où la pauvreté et l’exclusion peuvent rencontrer le meilleur de l’humanité. Bien sûr, le scénario se heurte parfois à quelques caricatures, donnant le sentiment d’un regard assez stéréotypé sur les classes populaires. Mais la manière dont les deux comédiennes incarnent ces héroïnes pétries de désarroi et de résilience à la fois donne à la matière du film une dimension supérieure. La maladresse de Nicole à l’égard de son fils, avec lequel elle tente de reconstruire une relation brisée par leur situation sociale, est filmée avec une grande délicatesse. On tremble avec effroi devant les cris de rage que prononce Serge le soir de Noël, le débordement d’amour et de colère qui les étreint, la mère et le fils, avec, au cœur de l’écran, une interprète, Valeria Bruni-Tedeschi, touchante, sensible et, pour le coup, jamais caricaturale.
- Valéria Bruni Tedeschi, Félix Lefebvre
- Copyright Wild Bunch Distribution
Il y a dans le film une propension véritable à la théâtralité. La plupart des scènes sont tournées dans des lieux clos, aussi étouffants que propices à l’expression d’un bonheur possible. Après avoir exposé un environnement cinématographique noir, le scénario bascule dans une dimension quasi onirique où les personnages engagent un changement de leur personnalité et de leur existence. Morgan Simon échappe avec brio à la pesanteur du mélodrame en permettant à ses deux actrices de cerner la complexité de femmes sensibles, seules, mais parées à vivre autre chose que ce que le déterminisme pourrait induire. Lubna Azabal incarne une tenancière d’un bar de banlieue, baroque et iconoclaste, plus éducatrice spécialisée que commerçante. Barrée d’une frange noire sur les yeux, elle irradie soudain la banlieue d’un ensemble de possibles, dans une écoute franche et directe qui témoigne sans fard de la nécessité aujourd’hui de revenir à l’essentiel : l’amour.
Une vie rêvée s’affiche comme un film nécessaire, urgent même, dans un contexte où nombre de femmes peinent à joindre les deux bouts en élevant seules leurs enfants. Ce regard sur la banlieue change des récits policiers, souvent brutaux, très masculins. Cette fois, ce sont les femmes qui incarnent l’avenir, elles occupent l’invisible du monde qui permet aux enfants de grandir et de s’épanouir dès lors qu’elles acceptent leur émancipation. La pique adressée à Emmanuel Macron témoigne de l’immense fossé qui sépare le discours politique de la réalité de l’exclusion des personnes privées d’emploi. Bref, Une vie rêvée est un film sincère, authentique qui, en se démarquant d’un réalisme trop marqué, parle de la vie des individus aux conditions de vie modeste sans jamais vouloir en dresser une vision générale et définitive.
- Lubna Azabal, Valeria Bruni Tedeschi
- Copyright Wild Bunch Distribution
Les maladresses réelles du scénario s’effacent grâce à la présence d’interprètes qui tentent à travers les dialogues d’offrir un monde où les différences peuvent coexister. Les malentendus générationnels, culturels ou idéologiques s’expriment dans une théâtralité du quotidien où les âmes errantes tentent de trouver un sens et une place dans le monde. Une vie rêvée a le défaut de ses qualités : une écriture parfois surprenante, pour ne pas dire risquée, que transcende l’engagement des deux actrices principales.
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